Les rebelles somaliens shebab ont montré jeudi des dizaines de corps qu'ils ont affirmé être ceux de soldats de l'Union africaine, tués dans la bataille pour le contrôle des dernières positions des insurgés islamistes près de Mogadiscio.

Dans le sud de la Somalie, les shebab restaient sous la pression de l'armée kényane, dont l'offensive débutée en fin de semaine dernière est toutefois compliquée par les intempéries.

«Nous avons tué plus de 70 soldats ennemis aujourd'hui (jeudi), nous leur avons infligé des pertes lourdes et vous pouvez voir leurs cadavres», a déclaré le porte-parole des shebab, cheikh Ali Mohamud Rage, en montrant à des reporters les corps à même le sol.

Selon des témoins tous ces corps ont été exhibés jeudi soir dans une zone contrôlée par les shebab, Alamada, à environ 18 km de Mogadiscio.

«J'ai compté 63 soldats burundais, tous morts, les shebab les avaient amenés jusqu'ici en camion,» a déclaré à des journalistes Hassan Yunus.

D'intenses combats avaient éclaté jeudi matin près de Mogadiscio, où les troupes du gouvernement de transition somalien (TFG) et l'Amisom, la force de l'Union africaine, ont progressé vers une position des shebab en périphérie de la ville, selon des responsables.

Les affrontements se sont concentrés dans la banlieue de Deynile, une des dernières poches encore tenues par les insurgés islamistes dans la zone.

«Nos forces contrôlent maintenant la plupart des parties de Deynile, où nous avons attaqué ce matin,» a affirmé Ibrahim Abdalla, un responsable de la sécurité somalienne. «Nous progressons vers les derniers bastions des militants terroristes, et nous espérons prendre bientôt le contrôle total de la ville.»

En août, les rebelles avaient opéré un retrait-surprise de leurs principales positions dans Mogadiscio. Mais les shebab, qui contrôlent encore largement le sud et le centre somaliens, avaient averti qu'il s'agissait d'un repli tactique et continuent de faire peser une importante menace sur la capitale.

Dans le Sud de la Somalie, les troupes kényanes étaient freinées dans leur offensive pour repousser les shebab loin de la frontière après une série d'enlèvements d'étrangers dans l'est du Kenya.

«Nous n'avons pas bougé des trois villes que nous avons prises en raison de fortes pluies,» a reconnu le commandant Emmanuel Chirchir. «Mais dès qu'elles se calmeront, nous prévoyons de prendre totalement Afmadow.»

Nairobi avait indiqué mercredi que ses troupes, soutenues par des frappes aériennes, étaient basées à une centaine de kilomètres à l'intérieur de la Somalie, à Qoqani. Afmadow se situe un peu plus à l'Est.

Un peu plus au sud, près de la frontière, l'armée kényane, qui cherche à atteindre la ville côtière de Kismayo, a cependant affirmé avoir «sécurisé» le village de Ras Kamboni, aussi en bord de mer. Elle dit y avoir pénétré sans rencontrer de shebab.

«Cette route donne aux forces de défense un avantage pour débarrasser les eaux somaliennes des shebab et des pirates de Ras Kamboni à Kismayo,» a jugé le commandant Chirchir.

Le Kenya a lancé son opération contre les rebelles dans la foulée de l'enlèvement la semaine dernière de deux Espagnoles dans les camps de réfugiés de Dadaab, à une centaine de kilomètres de la frontière somalienne.

Nairobi accuse les shebab de ce rapt et de ceux, sur l'archipel de Lamu, de la Britannique Judith Tebbutt et de la Française Marie Dedieu, décédée en captivité.

Mais les shebab nient tout rôle dans ces enlèvements et menacent de représailles.

À Nairobi, le président Mwai Kibaki a promis de défendre l'«intégrité territoriale» de son pays par «tous les moyens».

Certaines organisations humanitaires commencent par ailleurs à mettre en garde contre les conséquences d'une escalade de la violence sur les victimes de la famine qui ravage plusieurs régions de Somalie.