Quelque 5000 ouvriers casqués grouillent sur le chantier d'une centrale nucléaire dans l'ouest de la Finlande: ils construisent le réacteur OL3 considéré comme le réacteur le plus sûr du monde.

Mais après le tremblement de terre et le tsunami au Japon qui ont provoqué la catastrophe de Fukushima en mars, la construction de ce premier réacteur de troisième génération (EPR) fait l'objet d'une attention particulière.

«Fukushima a soulevé des questions. La première, évidemment, est de savoir si un tel phénomène naturel a été pris en compte ici» à Olkiluoto, relève le responsable du département d'analyse des risques auprès de l'Autorité finlandaise de sûreté nucléaire (Stuk), Jorma Sandberg.

Sur l'île d'Olkiluoto, à l'entrée du golfe de Botnie, quelque 320 000 tonnes de béton et des montagnes d'acier -cinq fois le poids de la Tour Eiffel- prennent petit à petit la forme de ce qui sera, selon le groupe d'énergie TVO qui l'exploitera, le réacteur nucléaire le plus moderne au monde.

Or, la construction pour la première fois d'un nouveau type de réacteur est un pas vers l'inconnu avec la mise en oeuvre de systèmes certes les plus modernes, mais qui n'ont encore jamais été utilisés, «en particulier les systèmes automatisés», reconnaît M. Sandberg.

Le responsable de la sécurité nucléaire chez TVO, Esa Mannola, se veut rassurant: «aucun autre réacteur nucléaire au monde n'a autant pris en considération la sécurité que l'OL3» commandé au français Areva, assure-t-il.

Avec tous les systèmes de sécurité «parallèles, séparés, dupliqués», même en cas d'incident imprévu «nous pouvons nous saisir du problème et le gérer», affirme-t-il.

Début juillet, le gros de la construction était terminé, le dôme du bâtiment qui abritera le coeur du réacteur s'élevant lentement. La plupart des machines étaient également en place, comme ces deux gigantesques générateurs de vapeur surplombant l'immense trou qui constituera la cuve du générateur où tremperont 320 tonnes d'uranium enrichi.

Mais des organisations comme Greenpeace ont appelé à des changements structurels encore possibles, selon elles, durant le chantier.

«Le générateur de secours ne devrait pas être au niveau de la mer ni au même niveau que les réacteurs et la salle de contrôle devrait être suffisamment éloignée du réacteur afin qu'en cas d'accident la radiation n'empêche pas de s'y rendre», énumère un militant de l'ONG, Jehki Härkönen, en référence aux points faibles constatés à Fukushima.

Dans une étude publiée le 16 mai, après la catastrophe au Japon, la Stuk estimait qu'aucune révision du projet OL3 n'était nécessaire.

L'agence a cependant précisé étudier encore l'impact qu'auraient sur l'accès aux réacteurs ou à leurs multiples systèmes de secours des phénomènes naturels rencontrés en Finlande comme de puissantes tempêtes, de fortes chutes de neige ou des inondations.

Le réacteur devait à l'origine entrer en service en 2009, mais TVO prévoit désormais qu'il sera relié au réseau électrique en 2013... sauf obligation décrétée par la Stuk de revoir la construction de certaines parties.

Une hypothèse que M. Mannola écarte dans la mesure où, en plus d'avoir quatre systèmes d'alimentation de secours -contre deux par réacteur à Fukushima-, l'EPR d'Olkiluoto est abrité dans un bâtiment capable de résister à l'impact d'un avion et pouvant retenir la quasi-totalité de la radiation qui s'échapperait si le coeur du réacteur fondait.

Mais Greenpeace dénonce le manque de protection prévue à Olkiluoto pour le combustible usagé. Et modifier les conditions de stockage de ce combustible usagé sera «pratiquement impossible» après la mise en route du réacteur, affirme M. Härkönen.