La Tunisie et l'Égypte recevront une aide additionnelle de 40 milliards de dollars sur trois ans pour mener à bon port leur délicate transition démocratique.

Le président français Nicolas Sarkozy en a fait l'annonce hier, à l'issue du sommet du G8 à Deauville, confirmant la volonté des pays présents de prêter assistance aux deux pays phares du «printemps arabe».

Le projet de «partenariat de Deauville» entériné par les représentants des grands pays industrialisés pourrait éventuellement être étendu à tous les États «de la région qui amorcent une transition vers une société libre, démocratique et tolérante».

Le chef d'État français a précisé que la moitié de la somme de 40 milliards proviendrait d'institutions financières multilatérales, 10 milliards de contributions bilatérales des pays du G8 et 10 milliards de pays du golfe Persique.

L'attention sur le Canada

L'annonce d'importantes sommes bilatérales par le président Sarkozy a attiré l'attention sur la position du Canada, qui n'a pas prévu d'aide additionnelle pour les deux pays à l'occasion du sommet du G8.

Le premier ministre canadien Stephen Harper avait fait valoir jeudi que le gouvernement a déjà substantiellement haussé sa contribution aux institutions financières multilatérales qui interviennent au Moyen-Orient et en Afrique du Nord et que ces institutions étaient les mieux placées pour venir en aide à la Tunisie et à l'Égypte.

Son entourage a répété hier que le pays avait déjà fait sa juste part en matière financière pour renflouer ces institutions. M. Harper lui-même a ajouté que l'engagement du pays en Libye et les sanctions prises envers la Syrie témoignaient de l'importance de l'engagement canadien envers le monde arabe.

Les États-Unis avaient annoncé la semaine dernière l'octroi d'une aide additionnelle de 2 milliards pour Tunis et Le Caire en invitant les autres membres du G8 à emboîter le pas. L'Union européenne a aussi annoncé l'octroi d'une aide de plus de 1 milliard avant le sommet.

Lors d'une conférence de presse tenue en matinée, le ministre des Finances tunisien, Jaloul Ayed, a déclaré que son pays ne tenait pas rigueur à Ottawa à ce sujet.

«Nous espérons que nous aurons l'occasion de développer des liens beaucoup plus forts avec le Canada. Malheureusement, ce n'est pas le cas aujourd'hui. Nous devrons travailler là-dessus», a indiqué M. Ayed.

Le pays, touché par une révolution qui a emporté l'ancien dictateur Zine el-Abidine Ben Ali en début d'année, estime avoir besoin d'une aide de 25 milliards sur cinq ans pour remettre son économie sur les rails.

Opération en Lybie

Les participants au sommet du G8 se sont aussi longuement penchés sur la situation de la Libye et ont réitéré leur souhait de voir le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi tirer sa révérence.

«Il part et il arrête la souffrance du peuple libyen, il s'entête et lui-même en paiera les conséquences», a prévenu le président français, qui est l'un des instigateurs de la campagne de bombardements menée actuellement par l'OTAN sous l'égide des Nations Unies.

Le Canada, qui participe à l'opération militaire, entend solliciter l'approbation du Parlement en juin pour prolonger sa participation, a déclaré hier M. Harper. Le politicien a dit espérer que les «progrès significatifs» observés sur le terrain convaincraient les parlementaires de donner leur aval.

Le premier ministre, qui en est à sa première sortie internationale depuis les élections de mai dernier, partait en Grèce en soirée pour une visite officielle de deux jours. Il doit notamment rencontrer à cette occasion le premier ministre grec George Papandreou, qui est confronté à une grave crise financière.