Politiciens indépendantistes québécois et écossais entretiennent de proches relations depuis quelques années. Les Écossais se montrent particulièrement intéressés par l'expérience québécoise. Et c'est justement avec cet exemple qu'ils comptent aller à Londres pour réclamer plus de pouvoirs.

S'il y a une chose que les souverainistes québécois ont enseigné aux indépendantistes écossais, au cours des dernières années, c'est de ne pas négliger les (fameuses) conditions gagnantes avant d'abattre une carte référendaire.

«Je leur ai dit qu'une des leçons à tirer du Québec est que lorsqu'on perd une manche, comme un référendum, les adversaires en profitent», dit le président de la Commission politique du Parti québécois, Daniel Turp.

L'homme connaît très bien ses homologues écossais. Daniel Turp a traversé l'Atlantique plusieurs fois pour participer à des séminaires sur l'indépendance, notamment en 2009 à Edimbourg. Il s'est lié au ministre écossais, Michael Russell, responsable à l'époque de la «conversation nationale», une vaste consultation lancée en 2007 sur les questions d'indépendance et d'autonomie de l'Écosse - une idée d'ailleurs reprise en 2008 par le Parti québécois.

Le moment de la tenue du référendum écossais n'est pas encore connu, et encore moins le libellé de la question référendaire. Mais Daniel Turp se réjouit déjà de l'apparente intention de Londres de ne pas se mêler pour l'instant de l'organisation de la consultation.

«C'est un contraste avec le Canada. Ce que le premier ministre Cameron semble avoir dit, c'est qu'il n'y aura pas de «loi sur la clarté» au Royaume-Uni», relève M. Turp, en parlant de la loi fédérale controversée qui précise notamment quelle devra être la formulation de la question pour que le résultat d'un référendum soit reconnu par Ottawa.

«Est-ce que l'attitude de Londres changera? J'ose croire qu'on n'interférera pas autrement qu'en faisant campagne pour inciter les Écossais à choisir l'union, poursuit M. Turp. Je le souhaite, en tout cas.»

Le constitutionnaliste et ancien ministre responsable des Affaires intergouvernementales, Benoît Pelletier, est du même avis. «Mais il s'agirait en Écosse d'un premier référendum, alors que c'est après le second référendum que le Canada a mis en oeuvre son plan B», rappelle M. Pelletier, en précisant qu'il n'a jamais été un partisan de la loi sur la clarté. «Je n'encouragerais jamais la Grande-Bretagne à aller en ce sens, même après deux référendums.»

M. Pelletier, qui s'est rendu le mois dernier à Londres pour participer à un colloque sur la dévolution, note que les indépendantistes écossais se concentreront d'abord sur le rapatriement de plus de pouvoirs à Edimbourg.

«C'était très clair, lors de cette rencontre, qu'une dévolution accrue devra aussi passer par une dévolution sur le plan fiscal. Toute forme d'autonomie, pour avoir une emprise réelle, concrète, doit s'accompagner de pouvoirs fiscaux, de taxation. Je ne sentais pas, récemment, d'ouverture de la part de Londres sur cette question.»

Une attitude qui pourrait changer avec l'arrivée majoritaire du SNP. Les ressources financières dont dispose la province de Québec font l'envie d'autres régions en quête d'autonomie au sein d'un État. «En Écosse, ils sont très conscients qu'ils doivent faire un rattrapage sur le plan fiscal.»