Malgré un niveau record atteint en 2010, l'aide au développement reste très en-deçà des promesses faites par les pays riches aux États les plus pauvres, notamment en Afrique, a annoncé mercredi l'OCDE.

L'Organisation de coopération et de développement économiques redoute en outre un ralentissement «préoccupant» de l'aide publique au développement (APD) dans les années à venir, au nom de l'austérité budgétaire.

L'aide fournie par les 23 principaux États bailleurs de fonds en 2010 s'élève à 129 milliards de dollars», soit le «niveau le plus élevé jamais atteint», selon le bilan annuel du club des pays riches.

Pour autant, les promesses faites en 2005 pour permettre d'atteindre, en 2015, les objectifs du Millénaire pour le développement (réduction de moitié de l'extrême pauvreté et de la faim, diminution de la mortalité infantile, éducation primaire pour tous...) ne sont toujours pas maintenues.

«Il manque encore quelque 19 milliards de dollars», estime l'OCDE.

L'écart entre engagements et réalité est encore plus grand pour l'Afrique: sur les 25 milliards de dollars supplémentaires promis par le G8 en 2005, le continent le plus pauvre au monde n'en a reçu que onze.

Les 15 grands donateurs membres de l'Union européenne (UE), qui s'étaient engagés à porter leur aide à 0,51% de leur revenu national brut (RNB) en 2010, ne sont finalement qu'à 0,46% -bien loin de l'objectif de 0,7% fixé pour 2015.

Les pays du nord de l'Europe sont globalement plus disciplinés que les autres: la Belgique et la Finlande notamment dépassent le seuil de 0,51% tandis que la Suède, le Danemark, le Luxembourg et les Pays-Bas sont déjà au-delà de la barre de 0,7%.

La France, troisième bailleur mondial en volume avec une aide publique représentant 0,50% de son RNB, frôle l'objectif, même si cela est essentiellement dû à une progression des prêts plutôt que des dons.

La mention spéciale revient au Royaume-Uni, dont l'aide bondit de 19,4% et atteint 0,56% de son RNB. «Le Royaume-Uni est exemplaire: malgré un déficit public plus important que les autres grandes puissances, il continue à accroître son aide (...) ainsi que la qualité de celle-ci», soulignait lundi le milliardaire américain reconverti dans l'humanitaire Bill Gates.

De leur côté, les Etats-Unis, premier bailleur en volume, avaient respecté dès 2009 leur promesse de doublement de l'aide à l'Afrique subsaharienne par rapport au niveau de 2004.

En revanche, l'Allemagne ou l'Italie sont bien loin de leurs engagements.

«Je souhaite encourager les donateurs à ne ménager aucun effort pour atteindre les objectifs», a déclaré le secrétaire général de l'OCDE Angel Gurria.

Mais l'optimisme n'est pas de mise.

«Nous nous attendons à un ralentissement dans la progression de l'APD», a expliqué le responsable du Comité d'aide au développement Brian Atwood, lors d'une conférence de presse au siège de l'OCDE à Paris.

L'Afrique pourrait en être la principale victime, estime l'organisation: si cette tendance se confirme, l'aide supplémentaire ne suffira même pas à compenser l'accroissement de la population.

En cause, les plans d'austérité qui entrent en vigueur cette année et viennent, selon Brian Atwood, «ronger l'APD». Les pays où l'aide a diminué dès 2010 sont d'ailleurs ceux où la crise budgétaire était la plus aiguë (Irlande, Grèce, Espagne, Italie...).

Face à la générosité flageolante des pays riches, l'OCDE compte désormais sur une coopération accrue avec les puissances émergentes, de plus en plus présentes en Afrique, pour parvenir à réduire la pauvreté. La Chine, l'Inde, l'Indonésie et l'Afrique du Sud ont participé mercredi à Paris, pour la première fois, à une réunion de haut niveau sur ce sujet.