Barack Obama a conclu mercredi une tournée en Amérique latine qui, pour avoir lancé un rapprochement avec une région présentée comme essentielle aux États-Unis, a souffert sur la forme de l'attention soutenue qu'a dû porter le président à la crise libyenne.

«Le président (Obama) est parti» à bord de l'avion présidentiel américain Air Force One vers 17H15 GMT, a dit à l'AFP un porte-parole de la présidence salvadorienne, David Rivas.

Le voyage de cinq jours de M. Obama au Brésil, au Chili et au Salvador était censé mettre en vedette la volonté de réengagement américaine dans une région souvent négligée ces dernières années et que la Maison Blanche présente comme un réservoir de croissance pour les États-Unis, via les exportations que M. Obama veut doper.

Mais la malchance a voulu que cette tournée prévue de longue date débute exactement en même temps que l'opération militaire contre le régime du dirigeant libyen Mouammar Kadhafi, à laquelle les Etats-Unis ont apporté leur puissance de feu et une structure de commandement provisoire.

Le président a donc parsemé ses interventions publiques de références à ce pays et aux récentes révoltes au Moyen-Orient, vantant comme des exemples possibles pour le monde arabe et musulman le Brésil et le Chili, qui ont effectué des transitions pacifiques vers la démocratie respectivement en 1984 et 1990.

Et lors de ses deux conférences de presse, au Chili lundi et au Salvador mardi, M. Obama a été très sollicité pour expliquer sa doctrine sur la Libye et les limites de l'engagement militaire américain dans ce pays, au risque de rendre inaudibles ses annonces sur l'Amérique latine, comme une initiative pour la sécurité régionale et la lutte contre la drogue.

Le président n'a pourtant pas ménagé ses compliments pour saluer la prospérité de la région, entre le Brésil et son «ascension extraordinaire» vers un statut de puissance mondiale ou le Chili, «l'une des plus grandes réussites» d'Amérique latine.

«C'est l'Amérique latine que je vois aujourd'hui, une région en marche, fière de son progrès, et prête à assumer un plus grand rôle mondial», a-t-il lancé lundi à Santiago. Cette partie du monde «est plus importante que jamais pour la prospérité et la sécurité des États-Unis».

Les efforts de la présidence pour démontrer que M. Obama était parfaitement capable de gérer une crise tout en étant en déplacement ont aussi pu contribuer à brouiller la clarté de son message aux Latino-Américains.

Mardi, la Maison Blanche a révélé que le président, en plein dîner d'apparat au palais de la Moneda à Santiago, avait été constamment mis au courant des efforts entrepris pour récupérer les pilotes d'un avion de guerre américain qui s'était écrasé alors qu'il participait à l'opération en Libye.

Et mardi soir, le conseiller de M. Obama pour la sécurité nationale, Tom Donilon, a encore fait la liaison entre Washington et le palais présidentiel de San Salvador, où M. et Mme Obama étaient les hôtes d'un dîner donné en leur honneur par le dirigeant Mauricio Funes.

L'ouverture d'un troisième théâtre d'opérations de l'armée américaine après l'Irak et l'Afghanistan, a laissé un temps penser que M. Obama allait renoncer, ou au moins couper court à sa tournée.

Elle aura finalement été menée à son terme, ou presque: le président, qui voyage avec son épouse et leurs deux filles, avait prévu de faire du tourisme mercredi dans les ruines d'une cité maya au Salvador.

Il y a renoncé pour une téléconférence avec son équipe de sécurité nationale, et rentrer deux heures plus tôt que prévu à Washington.