La secrétaire d'État américaine Hillary Clinton rencontre mercredi au Caire les dirigeants égyptiens pour encourager les réformes démocratiques chez cet allié clé, se rendant place Tahrir, épicentre du mouvement populaire ayant fait tomber le président Moubarak.

Des dizaines de passants s'y sont rassemblés pour saluer la chef de la diplomatie américaine, l'un d'entre eux lui lançant «Bienvenue à Tahrir». «C'est bon de vous voir», a-t-elle répondu.

Des employés égyptiens de l'ambassade américaine au Caire accompagnaient Mme Clinton, lui racontant le déroulement des protestations ayant conduit à la chute le mois dernier de M. Moubarak, un allié clé des États-Unis.

«Voir l'endroit où la révolution s'est déroulée (...) est quelque chose d'extraordinaire pour moi», a-t-elle déclaré, «C'est un beau rappel de la puissance (...) de l'aspiration universelle pour la liberté, les droits de l'Homme et la démocratie».

Frictions

Mais cette visite est loin d'être saluée par tous les mouvements égyptiens engagés dans la contestation lancée le 25 janvier en Égypte, qui a conduit le 11 février le président Moubarak, au pouvoir depuis 30 ans, à remettre le pouvoir à l'armée.

Les opposants au régime déchu reprochent aux États-Unis leur soutien invétéré à Hosni Moubarak, allié régional stratégique notamment en ce qui concerne la sécurité d'Israël, avant leur revirement soudain.

Ainsi, la Coalition de la révolution du 25 janvier -une formation rassemblant les principaux mouvements de la jeunesse- a refusé de rencontrer la secrétaire d'État.

La Coalition a dénoncé lundi «la position faible de l'administration américaine au début de la révolution en raison de sa relation de proximité avec le président déchu».

Cette organisation a aussi critiqué «l'aide et le soutien de l'administration américaine à de nombreux régimes répressifs et non-démocratiques dans la région».

Au premier jour de sa visite mardi, et dans un effort de maintenir des relations étroites avec Le Caire, Mme Clinton a appelé l'Égypte à poursuivre ses efforts de démocratisation, promettant par ailleurs une aide économique américaine.

Dans la matinée, la chef de la diplomatie américaine s'entretenait avec le Premier ministre Essam Charaf. Elle doit rencontrer plus tard dans la journée le maréchal Hussein Tantaoui, chef du Conseil suprême des forces armées au pouvoir et chargé d'assurer une transition vers un système démocratique.

«Je suis impatiente d'aider de toutes les façons possibles (ce processus) de transformation», a-t-elle déclaré au sujet des réformes démocratique promises en Égypte, lors de sa rencontre avec M. Charaf.

«Les États-Unis sont prêts à apporter tout le soutien possible pour que ce qui s'est passé sur la place Tahrir devienne une réalité pour toute l'Égypte», a souligné Mme Clinton.

Référendum

Sa venue intervient alors que les Égyptiens sont appelés aux urnes samedi pour un référendum pour réformer la Constitution, qui doit ouvrir la voie à des élections et au retour d'un pouvoir civil dans le pays.

Mais seule la puissante confrérie islamiste des Frères musulmans, le plus organisé des mouvements d'opposition, a appelé à voter «oui», les autres formations jugeant les amendements constitutionnels insuffisants.

La visite en Égypte de Mme Clinton coïncide par ailleurs avec la répression des mouvements de contestation dans plusieurs pays du monde arabe.

Les forces de Mouammar Kadhafi ne cessent ainsi de se rapprocher de Benghazi, fief rebelle de l'est de la Libye. À Bahreïn, allié américain du Golfe, les forces de l'ordre ont dispersé une foule manifestant depuis un mois, faisant au moins trois morts.