Les talibans ont été «stoppés» mais les progrès sont «réversibles»: le commandant des forces internationales en Afghanistan, David Petraeus, a fait preuve d'optimisme devant les sénateurs, contredisant les évaluations plus sombres des services de renseignement.

À quatre mois du début de retrait des forces américaines, le général Petraeus a jugé mardi devant la commission de la Défense du Sénat que les progrès réalisés en Afghanistan depuis la décision du président Barack Obama d'envoyer 30 000 soldats supplémentaires fin 2009 étaient «très importants».

«L'élan des talibans en Afghanistan depuis 2005 a été stoppé dans la majeure partie du pays et inversé dans un certain nombre de zones. Cependant, si les progrès en matière de sécurité au cours de l'année écoulée sont importants, ils demeurent fragiles et réversibles», a-t-il déclaré, reprenant l'antienne en vogue depuis quelques mois au sein de l'administration américaine.

La présence de 97 000 soldats américains et de 45 000 soldats alliés va permettre d'entamer au printemps le transfert de responsabilité de la sécurité aux forces afghanes dans «plusieurs provinces», qu'il n'a pas nommées.

Le président afghan Hamid Karzaï doit prochainement annoncer quelles sont les zones concernées. Trois villes, Lashkar Gan (sud), Herat (ouest) et Mazar-i-Sharif (nord), l'essentiel de la province de Kaboul et deux provinces, Bamyian (centre) et Panchir (nord-est), ont été recommandées pour inaugurer le processus.

Si le commandant des forces internationales (Isaf) dit s'attendre à de «nouveaux combats violents» contre les talibans, il s'est félicité du développement de l'armée et de la police afghane, «qui a augmenté d'un tiers en un an» et dont la qualité et le taux d'alphabétisme se sont améliorés.

L'objectif des 307 000 soldats et policiers formés d'ici octobre devrait être atteint avant cette date, selon le général Petraeus, qui a demandé les fonds nécessaires pour former 70 000 hommes de plus.

L'intégralité de la responsabilité de la sécurité doit être transférée aux forces afghanes d'ici la fin 2014.

Tout au long de son audition, le général a fait preuve d'optimisme et de diplomatie, passant sous silence le problème de la corruption, les différends qui l'opposent souvent au président Karzaï, et louant la coordination «étroite» avec l'armée pakistanaise pour empêcher les insurgés de franchir impunément la frontière.

Se défendant d'embellir la situation, il a juré avoir fait preuve de «réalisme» lors de sa déposition, alors qu'un sondage dévoilé mardi par le Washington Post montre que 64% des Américains considèrent que cette guerre ne vaut pas la peine d'être livrée.

L'évaluation de la situation par le général, glorifié pour avoir mis en place une stratégie qui a endigué la spirale de violences en Irak, diffère singulièrement de celles des agences de renseignement américaines.

Le directeur national du renseignement, James Clapper, a mis en doute la semaine passée la capacité du gouvernement afghan d'assumer la responsabilité du pays. Le patron du renseignement militaire (DIA), le général Ronald Burgess, a estimé qu'il n'y avait pas de «dégradation des capacités de combat des talibans».

Reconnaissant le «risque stratégique» posé par un gouvernement défaillant, le général Petraeus a affirmé que des discussions sur un «éventuel partenariat stratégique» avec l'Afghanistan au-delà de 2014 avaient débuté.