Le Premier ministre russe Vladimir Poutine a proposé jeudi au vice-président américain de supprimer le régime de visas entre la Russie et les États-Unis, un «pas historique» pour ces deux pays en pleine relance de leurs relations.

«Si la Russie et les États-Unis se mettaient d'accord pour abolir le régime de visas entre la Russie et les États-Unis (...) ce serait un pas historique dans nos relations», a déclaré M. Poutine au cours d'une rencontre avec le vice-président américain Joe Biden à Moscou.

Ce dernier a répondu qu'il s'agissait d'une «bonne idée», a précisé a posteriori aux journalistes le service de presse de la Maison Blanche, la réponse du numéro deux américain n'ayant pas été assez audible pendant la rencontre.

Cette proposition inédite de Vladimir Poutine, a provoqué la surprise. La Russie est engagée depuis des années dans des négociations avec l'Union européenne sur ce thème, sans pourtant parvenir à de véritables résultats.

«Cela briserait tous les vieux stéréotypes entre la Russie et les États-Unis», a ajouté le Premier ministre russe.

Les relations entre les deux anciens ennemis de la guerre froide restent en effet marquées par des échanges d'espions, comme celui, en juillet, de dix agents russes arrêtés le mois précédent aux États-Unis au lendemain d'une visite du président Dmitri Medvedev.

Dans le même domaine, des informations de presse, démenties jeudi par le ministère russe des Affaires étrangères, ont évoqué cette semaine un éventuel échange du trafiquant d'armes Viktor Bout, incarcéré aux États-Unis, contre un militaire russe condamné à 18 ans de prison à Moscou pour avoir espionné pour le compte des Américains.

Avant sa rencontre avec Vladimir Poutine, Joe Biden avait du reste rencontré des défenseurs russes des droits de l'homme, auxquels il a, selon des participants, témoigné du soutien de Washington.

Et il devait rencontrer dans la journée des chefs de file de l'opposition libérale comme l'ancien vice-Premier ministre Boris Nemtsov et l'ex-champion du monde d'échecs Garry Kasparov.

M. Biden avait apporté la veille un soutien inédit au chef de l'État russe qui affiche une ligne plus libérale que son prédécesseur et influent Premier ministre, saluant ouvertement sa politique.

Des commentaires de presse avaient indiqué que la visite de M. Biden avait notamment pour objectif d'apporter l'appui des États-Unis au président Medvedev et de l'encourager à se présenter à la présidentielle de 2012 à la place de Vladimir Poutine.

Jeudi, les discussions de M. Biden avec Vladimir Poutine ont porté sur la coopération économique dans le cadre de la relance des relations bilatérales entamée par le Kremlin avec le président américain Barack Obama, après des années de relations difficiles sous règne du républicain George W. Bush.

MM. Biden et Medvedev ont tous deux reconnu la veille que Moscou et Washington pouvaient davantage renforcer leur coopération économique.

La «relance» est en marche concernant la réduction du nombre des armes ou l'Afghanistan, mais «nous pouvons faire plus dans le domaine du commerce et des investissements bilatéraux», avait déclaré M. Biden.

Les deux pays ont ratifié ces derniers mois le nouveau traité de désarmement nucléaire START signé le 8 avril 2010 par Dmitri Medvedev et Barack Obama après de longues négociations.

Mais des divergences apparaissent régulièrement entre les deux pays, la dernière en date concernant la Libye, où la Russie, sans écarter totalement la possibilité d'une zone d'exclusion aérienne, a souligné qu'elle rejetait toute ingérence militaire.