Alors que l'année 2010 est sur le point de se terminer, La Presse vous propose de revenir sur quelques faits marquants de l'actualité. Voici cinq objets, cinq lieux et cinq personnalités qui ont marqué les douze derniers mois dans le monde.

Résidences privées ou édifices publics, lugubres ou luxueux, cinq lieux qui ont servi de décor à certains des événements les plus remarquables de l'année qui se termine.

Prison de Tabriz (Iran)

Le 9 décembre, les portes de la prison de Tabriz se sont ouvertes et Sakineh Mohammadi-Ashtiani, condamnée à mort pour adultère et complicité dans le meurtre de son mari, est sortie. Les défenseurs des droits de la personne se sont emballés... avant de réaliser que la prisonnière n'avait été libérée que le temps de visiter son ancienne maison et de confesser sa culpabilité devant les caméras de la télé nationale. Quel sort les autorités iraniennes lui réservent-elles? Le gratin politique et artistique occidental s'inquiète, les autorités iraniennes restent muettes.

Résidence Bettencourt

18, rue Delabordère, Neuilly-sur-seine (France)

Le 1er septembre, après des semaines d'enquête, la police française a perquisitionné pendant sept heures au domicile de Liliane Bettencourt. La riche héritière de L'Oréal est soupçonnée d'une fraude fiscale à laquelle auraient participé le ministre français du Travail, Éric Woerth, et sa femme, ancienne employée de Mme Bettencourt. Le président Nicolas Sarkozy est éclaboussé; son parti aurait également été financé illégalement par les sociétés de Mme Bettencourt. Une affaire digne d'un polar, avec des enregistrements secrets, des documents saisis, des cambriolages dans les salles de rédaction et beaucoup, beaucoup d'euros dans la caisse...

Palais national

avenue de la république,

Port-au-Prince (Haïti)

Parmi tous les immeubles détruits par le séisme du 12 janvier, c'est probablement le plus symbolique: même l'élégant et massif palais présidentiel, siège du gouvernement d'Haïti, n'a pas tenu le coup. Près d'un an après le séisme, les tentes érigées sur l'esplanade devant l'édifice sont toujours là. La France a proposé de reconstruire à l'identique l'immeuble qui date du début des années 20. En attendant, les opérations de récupération de documents et d'oeuvres d'art se poursuivent au même rythme que la reconstruction du pays: len-te-ment.

Maison d'Aung San Suu Kyi

51, avenue de

l'Université, Rangoon (Birmanie)

Après 18 mois d'assignation à résidence, l'opposante politique birmane Aung San Suu Kyi a finalement recouvré la liberté au mois de novembre... juste après les élections. Une foule de partisans l'a accueillie à sa sortie. La junte militaire est toujours au pouvoir, mais la dame de Rangoon, Prix Nobel de la paix, veut continuer son combat politique. «Je sais que les gens placent beaucoup d'espoir en moi et, bien sûr, je ne veux pas les décevoir, a-t-elle déclaré en entrevue. Mais je veux aussi qu'ils comprennent qu'ils ne doivent pas se reposer sur une seule personne ou un seul parti.»

Base militaire de Smolensk-Severny (Russie)

Un brouillard épais, 500m de visibilité. Les conditions météo n'étaient pas idéales à la base militaire russe de Smolensk-Severny, le matin du 10avril. Parti de Varsovie, en Pologne, le Tupolev de l'armée de l'air polonaise transportait 96 passagers, et pas les moindres: le président Lech Kaczynski et sa femme, le président de la Banque centrale polonaise, Slawomir Skrzypek, le chef d'état-major des forces armées, Franciszek Gagor... Est-ce que l'un des passagers a obligé le pilote à se poser malgré la visibilité nulle? Une part de mystère plane toujours sur le terrible crash qui a redéfini les relations entre la Russie et la Pologne.

Cinq personnalités de 2010

Purs inconnus ou politiciens aguerris, les personnalités de 2010 n'ont pas nécessairement cherché la gloire, mais elles ont vu les projecteurs braqués sur elles. Coup d'oeil sur les visages de l'actualité.

Julian Assange

Incontournable, surtout en cette fin d'année. Le créateur de WikiLeaks, l'ennemi public no 1 des États-Unis, aura fait parler de lui toute l'année. Des images du raid aérien américain de 2007, à Bagdad, - qui a tué deux journalistes - jusqu'aux documents secrets des guerres menées en Irak et en Afghanistan, WikiLeaks finit l'année avec le «cablegate», ces centaines de milliers de notes diplomatiques révélées au public. Une fin d'année en apothéose, alors que Julian Assange avait toutes les polices du monde à ses trousses.

Sarah Palin

Elle n'était pas personnellement en campagne électorale pour les élections américaines de mi-mandat, au mois de novembre, mais c'est tout comme. L'ancienne candidate à la vice-présidence, figure emblématique du mouvement Tea Party, ne cache plus ses ambitions de briguer l'investiture républicaine et d'être candidate à la présidence en 2012. Fine manipulatrice des médias - elle a même sa propre téléréalité -, il y a fort à parier qu'elle sera très présente en 2011...

Tony Hayward

«J'aimerais retrouver ma vie d'avant.» Cette phrase, lancée au début de la marée noire, a propulsé le PDG de la pétrolière BP au devant de la scène... pour de mauvaises raisons. Instantanément, il est devenu l'emblème de la grande entreprise égocentrique, insensible aux ravages écologiques et humains causés par son arrogance et son insouciance. L'homme le plus haï du golfe du Mexique n'a pas échappé au désastre: poussé vers la sortie, il a quitté ses fonctions en octobre.

Liu Xiaobo

Une chaise vide. C'est ce que Liu Xiaobo, Prix Nobel de la paix 2010, a laissé à la cérémonie de remise du prix à Oslo, en Norvège. L'ancien protagoniste du Printemps de Pékin purge une peine de 11 ans de prison en Chine pour subversion. La remise du prix à l'opposant politique a créé une vive crise diplomatique entre la Chine et la Norvège. Un tiers des pays invités à la cérémonie n'y ont pas envoyé de représentant. Mais le comité Nobel a persisté et signé en citant un extrait d'un discours de Liu Xiaobo: «Parce que aucune force ne peut arrêter la quête humaine de liberté, la Chine finira par devenir un pays gouverné par l'État de droit, où régneront les droits de l'homme.»

Les mineurs chiliens

Lorsqu'ils sont entrés au travail, le 5 août, ils n'étaient que des mineurs ordinaires. Quand ils en sont sortis, 68 jours plus tard, ils étaient des superstars. Les 33 hommes restés prisonniers dans les entrailles de la Terre sont devenus source d'inspiration pour toute la planète. Un rôle difficile à porter, reconnaissent certains d'entre eux. «Je ne suis qu'un mineur. Cette histoire de célébrité n'est pas pour moi», a dit l'un d'eux, Mario Sepulveda.

Photo AFP

Julian Assange

CINQ OBJETS

Il y a un an, combien d'entre nous savaient ce qu'était une vuvuzela? Qui aurait imaginé comment colmater une fuite à plus de 1km de profondeur? Les objets de 2010 sont étranges ou ordinaires, mais ils racontent tous une histoire fascinante.

Vuvuzela

Soixante-dix centimètres de longueur et des tas de décibels de controverse. La cacophonie sortie de cette trompette terrible aura constitué la bande sonore de la Coupe du monde de soccer dès les premiers coups de sifflet en Afrique du Sud. Six mois plus tard, on se bouche encore les oreilles en entendant son nom.

Paloma

Dix-sept jours après l'explosion de la mine de San José, près de Copiapo, au Chili, la sonde qui cherchait des survivants a rapporté un message à la surface: «Estamos bien en el refugio, los 33.» À partir de ce jour, une formidable opération de sauvetage qui allait passionner le monde entier s'est mise en branle pour sauver les 33 mineurs. Pendant plus d'un mois et demi, en attendant que soit foré un passage assez grand pour pouvoir les extirper de la mine, sauveteurs et mineurs ont communiqué grâce à la paloma, un «pigeon voyageur» en forme de cylindre qui transportait repas chauds, médicaments, iPod et autres lettres d'amour à 700m sous terre.

l'iPad

Est-ce un ordinateur sans clavier? Un gros iPhone? Une lubie de technos hystériques? Sauvera-t-il les journaux? Tuera-t-il le livre? Chose certaine, la dernière création qu'Apple a lancée en janvier 2010 semble déjà s'installer durablement dans la vie de ceux qui l'ont adoptée.

L'entonnoir de béton

Comment faire pour contenir une fuite de pétrole à 1500m sous l'eau? Il «suffit» de construire un énorme entonnoir de béton et de le déposer au de l'eau. C'est ce qu'a fait la pétrolière BP l'été dernier pour mettre fin à la pire marée noire de l'histoire des États-Unis. Une opération inédite, plus facile à imaginer qu'à réaliser, que BP a dû reprendre plusieurs fois pour réussir à contenir toutes les fuites.

La cendre de volcan

Le nom fait penser à un éternuement ou à un mot écrit par un chat qui marche sur un clavier: Eyjafjallajökull (le glacier) ou, plus simple, Eyjafjöll (le volcan). La cendre crachée pas le fameux volcan islandais, tout spectaculaire qu'elle ait été, n'aurait pas fait la une des journaux si elle n'avait été la cause d'un monstrueux embouteillage aérien dans toute l'Europe entre le 14 et le 20 avril. Combien de cendre de volcan faut-il pour boucher un réacteur d'avion? Les experts ne s'entendent pas et les passagers, eux, n'ont guère voulu courir de risque...

Photo: AFP

Un partisan armé de son vuvuzela.