Responsables et militants de la lutte contre le sida notamment se félicitaient dimanche des propos du pape Benoît XVI sur l'utilisation du préservatif «dans certains cas», même si certains estimaient que le souverain pontife n'était pas allé assez loin en la matière.

Dans un livre d'entretiens Lumière du monde, qui sort mardi en Allemagne et en Italie, le pape a admis pour la première fois l'utilisation du préservatif «dans certains cas», «pour réduire les risques de contamination» du virus du sida.

 

Dimanche matin, le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a salué les déclarations du pape, les jugeant «bienvenues» et «réalistes», dans un entretien au journal portugais Publico, qui en publie des extraits sur son site internet.

«Cela montre que le pape et le Vatican ont pris conscience que le sida est une des maladies les plus graves au monde qui affecte des millions de vies et que nous devons travailler ensemble», a déclaré M. Ban.

Dès samedi, Michel Sidibé, directeur exécutif d'Onusida, l'organisme des Nations Unies chargé de lutter contre la propagation du virus du sida, avait jugé que les propos du pape représentaient un «pas en avant significatif et positif du Vatican».

«Cette avancée, a-t-il ajouté, reconnaît qu'un comportement sexuel responsable et l'usage du préservatif ont un rôle important dans la prévention du VIH-Sida».

Pour leur part, des militants antisida affichaient eux aussi leur satisfaction.

«La brèche est ouverte», s'est félicité dimanche Gérard Guérin, un responsable de l'association française Chrétiens et sida. Selon lui, «cela va permettre la libération de certaines personnes qui auraient pu avoir des doutes» sur l'utilisation du préservatif.

Même approbation du côté des militants de la cause homosexuelle. C'est «une modification significative de la ligne traditionnellement dure du Vatican qui s'opposait jusqu'ici à toute utilisation du préservatif», a jugé Peter Thatchell, militant britannique des droits des homosexuels et l'un des coordinateurs des manifestations contre la visite d'État du pape en Angleterre, en septembre. Cette «volte-face» est, selon lui, «une réponse» aux «nombreuses critiques» dont la politique du Vatican faisait l'objet.

«Enfin !», s'est exclamé de son côté Franco Grillini, le président de l'organisation italienne Arcigay qui défend les droits des homosexuels. «Si le pape reconnaît l'importance d'utiliser des préservatifs, et même si ce n'est que dans certaines circonstances, cela signifie qu'il admet avoir fait des erreurs dans le passé», a-t-il dit.

D'autres militants affichaient toutefois des réactions plus contrastées.

«La position du pape (...) est toujours en-deçà de ce que l'on espère que l'Église dira un jour», a dit Vuyiseka Dubula, secrétaire général de la Campagne pour le traitement du sida, principal groupe de pression sur le sujet en Afrique du Sud, le pays le plus touché au monde par l'épidémie.

«Du point de vue de l'Église, c'est sans doute une déclaration révolutionnaire», a déclaré de son côté à l'AFP Wanda Nowicka, présidente de la Fédération polonaise de planning familial. «Il faut se réjouir de ce petit pas, mais une véritable révolution est encore loin».

Jusqu'ici, le Vatican, opposé à toute forme de contraception autre que l'abstinence, réprouvait l'usage du préservatif même pour prévenir la transmission de maladies.

Les croyants réagissaient eux aussi favorablement. «C'est une bonne chose, l'Église ne peut pas aller à l'encontre de la santé des individus et le problème du préservatif est d'abord un problème de santé publique», a estimé Michel Ondondong, fonctionnaire, la quarantaine, à la sortie de l'église Saint-Michel de Nkembo, à Libreville.