Le colis piégé retrouvé fin octobre dans un avion faisant escale à l'aéroport régional anglais de l'East Midlands, en provenance du Yémen, était programmé pour exploser «au-dessus de la côte est des États-Unis», a annoncé mercredi la police britannique.

«Un examen détaillé a permis de montrer que, si l'engin explosif avait été activé (comme programmé), cela aurait eu lieu à 10h30 (4h30 heure de Montréal) vendredi 29 octobre. Si l'engin explosif n'avait pas été retiré de l'avion, l'activation aurait pu avoir lieu au-dessus de la côte est des États-Unis», a indiqué Scotland Yard dans un communiqué.

L'avion-cargo qui contenait le colis avait atterri à l'aéroport de l'East Midlands (centre de l'Angleterre), en provenance de Cologne, en Allemagne, à 1h13 GMT (21h13 heure de Montréal). Le colis a été désamorcé à 6h40 GMT (2h40 heure de Montréal) environ, a précisé la police dans un communiqué, soit approximativement trois heures avant son explosion programmée.

Ces indications semblent ainsi contredire les déclarations, la semaine dernière, du ministre français de l'Intérieur, Brice Hortefeux, qui avait affirmé que le colis avait été «désamorcé 17 minutes avant l'explosion prévue».

Le ministre britannique des transports Philip Hammond avait dit ne disposer d'«aucune indication» permettant de corroborer ces déclarations. La Maison-Blanche n'avait pas non plus confirmé les propos du ministre.

Deux colis piégés en provenance du Yémen et à destination des États-Unis avaient été interceptés le 29 octobre, respectivement au Royaume-Uni et à Dubaï. Ils étaient adressés à des lieux de culte juifs à Chicago.

L'un des deux paquets avait été découvert à l'aéroport de l'East Midlands. L'engin était «opérationnel et aurait pu exploser», avait dit la ministre britannique de l'Intérieur, Theresa May.

Selon Washington, les colis piégés ont été conçus par Ibrahim Hassan al-Asiri, l'artificier d'Al-Qaïda. Ils auraient pu exploser en vol ou au sol, ont souligné les autorités des différents pays concernés.

Les explosifs, de la penthrite, étaient dissimulés dans des recharges d'encre pour imprimantes. Le paquet intercepté à Dubaï sur un vol passagers de Qatar Airways en contenait 300 grammes, tandis que celui découvert en Grande-Bretagne après avoir transité par l'Allemagne en contenait 400 grammes.

C'est ce même explosif qui a été utilisé le 25 décembre 2009 dans un attentat manqué contre un avion américain reliant Amsterdam à Detroit. Le dispositif n'avait pas fonctionné complètement et l'homme transportant l'explosif, un Nigérian de 23 ans, avait été grièvement brûlé, la penthrite étant cachée dans ses sous-vêtements.

La découverte de ces colis, à Dubaï et en Angleterre, a entraîné une alerte mondiale sur le fret aérien. Plusieurs pays ont suspendu tout trafic fret à partir du Yémen, considéré comme une place forte d'Al-Qaïda.

Le Royaume-Uni a étendu cette interdiction à la Somalie en raison «des contacts possibles entre Al-Qaïda au Yémen et des organisations terroristes en Somalie, ainsi que sur des craintes quant à la sécurité de l'aéroport à Mogadiscio», a fait savoir Londres.