Un membre du personnel de l'ambassade britannique a été blessé et un Français travaillant pour un groupe énergétique tué mercredi à Sanaa, deux attentats illustrant la précarité de la sécurité au Yémen en butte à la menace grandissante d'Al-Qaïda.

Selon la police, un tir de roquette a visé une voiture blindée Toyota 4x4 de l'ambassade de Grande-Bretagne à Sanaa, qui transportait cinq membres du personnel de la chancellerie.

Le numéro deux de l'ambassade, la diplomate Fiona Gibb, était à bord mais n'a pas été blessée, ont indiqué des sources diplomatiques à Londres. Un membre de l'ambassade a été légèrement blessé, a annoncé le Foreign Office sans autre précision.

Deux passants ont également été blessés, alors que la voiture a été endommagée et ses vitres brisées, selon la police.

L'attentat s'est produit à environ trois km de l'ambassade, rue Khawlane, empruntée par les diplomates pour se rendre à la chancellerie. La police s'est déployée en force dans le secteur et a bouclé toutes les rues y menant.

Il s'agit du deuxième attentat contre des représentants de l'ambassade de Grande-Bretagne au Yémen en six mois.

Le 26 avril, l'ambassadeur britannique, Timothy Torlot, avait été la cible d'un attentat raté perpétré par un kamikaze portant une ceinture d'explosifs qui s'était jeté contre son convoi.

Al-Qaïda dans la péninsule arabique (Aqpa) avait revendiqué cette attaque, en qualifiant Londres «d'allié principal de l'Amérique dans sa guerre contre l'islam».

La nouvelle attaque «honteuse va redoubler notre détermination à travailler avec le gouvernement du Yémen pour faire face aux défis que rencontre le pays», a affirmé le ministre britannique des Affaires étrangères William Hague.

Ce dernier avait présidé la réunion fin septembre à New York du Groupe des Amis du Yémen qui avait souligné que ce pays poserait un «très grand danger» si la communauté internationale n'empêchait pas son effondrement.

Français tué

Dans le même temps, un Français travaillant pour le groupe énergétique autrichien OMV a été tué et un employé britannique gravement blessé par un garde de sécurité qui a tiré sur eux dans l'enceinte du siège de la compagnie à Haddah, près de Sanaa, selon un communiqué du groupe.

D'après la police, l'agresseur, Hicham al-Wafi, 19 ans, un islamiste présumé, a été arrêté. «Le garde a ouvert le feu sur le directeur en criant Allah Akbar (Dieu est grand)», selon une source de sécurité.

Le siège de la compagnie a ensuite été fermé.

À Paris, le Quai d'Orsay a confirmé la mort par balles du Français, précisant qu'il était employé par la société française SPIE et était détaché auprès du groupe OMV actif au Yémen depuis qu'il a pris de contrôle de Preussag Energie GmbH en 2003.

Le président du Parlement européen Jerzy Buzek a appelé à soutenir le gouvernement yéménite dans sa tentative de briser la spirale de la violence après ces attentats «alarmants».

Les nouvelles attaques, qui n'ont pas été revendiquées, ont coïncidé avec la visite à Sanaa du directeur politique du département d'État américain William Burns qui a assuré au président Ali Abdallah Saleh que son pays était engagé à «aider le Yémen à affronter les défis de sécurité posés par Al-Qaïda».

Elles viennent s'ajouter à une longue liste d'attentats anti-occidentaux contre des objectifs militaires et civils depuis 2000 au Yémen, où Al-Qaïda se montre de plus en plus actif malgré la détermination affichée du pouvoir de lutter contre le réseau d'Oussama ben Laden.

L'Aqpa multiplie par ailleurs ses attaques sanglantes contre les forces de sécurité yéménites dans l'est et le sud-est du pays.