Hamid Karzaï reste seul en lice. Comme on s'y attendait, Abdullah Abdullah a annoncé, hier, son retrait du second tour de la présidentielle afghane prévu pour le 7 novembre, mais il n'a pas appelé ses partisans au boycottage et les a exhortés à ne pas descendre dans les rues.

La décision de l'ancien chef de la diplomatie afghane porte un nouveau coup à la crédibilité du régime de Kaboul, qui cherchait au contraire à la renforcer, et fait peser l'incertitude sur la tenue du second tour, ce cas de figure étant inédit.

Désormais seul candidat à sa propre succession, le président Karzaï a déclaré, dans un communiqué, qu'il accepterait la décision de la commission électorale indépendante, quelle qu'elle soit.

Son rival a expliqué que ses demandes de changements au sein de la commission électorale avaient été rejetées lors des négociations avec le camp présidentiel. «Je ne participerai pas à l'élection du 7 novembre» car «une élection transparente n'est pas possible», a annoncé le docteur Abdullah.

Il a estimé que la population ne devrait pas accepter un scrutin organisé par la commission électorale actuelle, nommée par le gouvernement en place. Toutefois, lorsque des journalistes lui ont demandé s'il appelait au boycottage, il a répondu: «Je n'ai pas lancé cet appel.» Et il a exhorté la population à «ne pas descendre dans les rues, ne pas manifester».

Selon son candidat à la vice-présidence, Homayoun Assefy, il revient désormais à la commission de décider s'il y aura bien un second tour samedi prochain. Le président de la commission, Azizullah Lodin, a annoncé qu'il devait consulter des constitutionnalistes avant de prendre une décision, plus tard dans la journée.

Retrait malheureux

Jugeant quant à lui ce retrait «très malheureux», le porte-parole de campagne de M. Karzaï, Wahid Omar, a affirmé que le second tour se déroulerait tout de même comme prévu.

La secrétaire d'État américaine Hillary Clinton, en déplacement au Maroc, a affirmé que les États-Unis soutiendront le prochain président afghan et le peuple afghan, «qui cherche et mérite un meilleur avenir». «Nous allons traiter avec le gouvernement qui est là», a déclaré pour sa part à Washington David Axelrod, un conseiller de Barack Obama.

Abdullah Abdullah avait accusé la commission de cautionner les fraudes lors du premier tour de scrutin le 20 août et avait posé des conditions pour garantir un vote libre et équitable cette fois-ci.

Parmi ses exigences figurait notamment la suspension de plusieurs ministres et le remplacement d'Azizullah Lodin, ainsi que des modifications constitutionnelles qui lui auraient donné un droit de regard dans les nominations de ministres et les grandes décisions politiques, selon un conseiller de la campagne de M. Karzaï.

«Toutes mes conditions auraient pu être mises en oeuvre en une heure. Malheureusement, nous avons dû attendre jusqu'au dernier moment», a déclaré le Dr Abdullah, lors d'un discours plein d'émotion.

Après le retrait du Dr Abdullah, il s'agit d'«amener ce processus électoral à sa conclusion dans le cadre légal et les meilleurs délais», a estimé le plus haut responsable de l'ONU en Afghanistan, Kai Eide.

Malgré les fraudes massives et l'annulation de nombreux bulletins en sa faveur, Hamid Karzaï est arrivé en tête du premier tour et était favori pour le second.