Autorités politiques et religieuses du monde musulman, dont l'OCI et le premier ministre irakien, ont continué à mettre en garde jeudi sur les conséquences d'un autodafé du Coran, projet lancé par un petit groupe intégriste chrétien américain.

L'Organisation de la conférence islamique (OCI), qui regroupe 57 pays musulmans, exprime sa «grave préoccupation» au sujet de l'insistance du pasteur Terry Jones du «Dove World Outreach Center» à brûler 200 exemplaires du Coran le 11 septembre, date anniversaire des attentats de 2001.

Dans un communiqué, le secrétaire général de l'OCI, Ekmeleddin Ihsanoglu, se dit «consterné que le pasteur, qui prêche la religion, ait choisi de s'engager dans une voie scandaleuse de la haine en brûlant de livre saint de l'une des plus grandes religions du monde».

Il espéré que «le bon sens finira par prévaloir» et que le pasteur «abandonnera son projet, ce qui permettrait d'échapper à une situation désagréable et émotionnellement instable dans le monde».

Cet acte «pourrait être pris comme un prétexte par les extrémistes pour commettre plus de meurtres», a avertit jeudi le premier ministre irakien Nouri-al-Maliki.

«Il nuira aux relations interreligieuses ainsi qu'au dialogue et aux relations culturelles entre les nations», a poursuivi M. Maliki, rappelant que «ceux qui ont commis les crimes du 11-septembre n'avaient rien à voir avec l'islam».

En Iran, le ministre des Affaires étrangères, Manouchehr Mottaki, a «condamné le projet détestable», estimant que ce projet avait été «orchestré par le régime sioniste après ses échecs face aux musulmans et au monde islamique».

Autre dirigeant d'un pays musulman, le président pakistanais Asif Ali Zardari a condamné un projet qui «va enflammer les sentiments des Musulmans dans le monde entier et endommager irréversiblement l'harmonie entre religions et la paix dans le monde».

S'il est mené à bien, ce projet «constituera une catastrophe pour les relations humaines, la coexistence et la paix entre les hommes, et provoquera des sentiments de colère dans le monde musulman», a rappelé la prestigieuse institution sunnite d'Al-Azhar, au Caire.

Cette institution considérée comme un pôle modéré de diffusion de la doctrine sunnite dans le monde a évoqué des «conséquences dangereuses».

En outre, Koweït et Bahreïn, deux pays du Golfe ont condamné le projet du pasteur américain.

L'intiative est de nature à «saper les louables efforts déployés pour consolider le dialogue entre les civilisations», a déclaré un porte-parole du ministère koweitien des Affaires étrangères.

Pour Bahreïn, le projet risque d'«attiser les campagnes d'incitation contre l'islam et les musulmans».

L'initiative du pasteur Jones, dont le «Dove World Outreach Center» réunit une cinquantaine de membres, survient à un moment particulièrement sensible, alors que les musulmans célèbrent la fête du Fitr, marquant la fin du mois de jeûne du ramadan, et que les autorités aux États-Unis craignent une montée du sentiment antimusulman.

Dans une interview publiée jeudi, ce pasteur a affirmé qu'il n'avait pas été contacté par les autorités américaines, mais laissé entendre qu'il pourrait revoir ses plans si c'était le cas.