L'ambassadeur du Pakistan auprès de l'ONU à Genève a estimé mardi que la reconstruction du nord du pays, ravagé par des inondations balayé des villages entiers et noyé de nombreuses terres fertiles, pourrait coûter 2,5 milliards de dollars.

«La zone affectée est de la taille de l'Angleterre», a expliqué l'ambassadeur Zamir Akram, lors d'une conférence de presse.

«Selon les premières indications, juste pour le nord du Pakistan, il faudra environ 2,5 milliards de dollars» pour tout reconstruire, a-t-il ajouté.

Il a également précisé que le pays avait reçu, par l'intermédiaire de l'ONU et des aides bilatérales, quelque 301 millions de dollars pour les secours d'urgence.

M. Akram a toutefois indiqué qu'il attendait un «plus grand engagement international» lors de la session spéciale de l'Assemblée générale de l'ONU, jeudi, à New York consacrée aux inondations.

Désireux de convaincre les donateurs, il a balayé le risque que l'argent reçu ne tombe dans les mains des talibans ou soit détourné de quelque autre manière que ce soit, arguant que le Pakistan travaillait avec l'ONU.

«Il s'agit d'un effort commun ce qui garantit qu'il est transparent. Les médias ressassent ce sujet, mais ce n'est pas un problème en ce qui nous concerne», a-t-il souligné.

La corruption au Pakistan est revenue sur le devant de la scène suite à la publication d'un article samedi par le quotidien britannique The Daily Telegraph accusant le président pakistanais Asif Ali Zardari d'avoir détourné une partie de l'aide (367 millions d'euros) accordée au pays après le violent séisme de 2005 qui avait fait 74 000 morts.

Pour ce qui est des craintes relatives à une possible influence grandissante des talibans dans le pays, M. Akram a estimé qu'il s'agissait là d'une «exagération inutile».

Plusieurs experts travaillant dans le milieu humanitaire avaient signalé lundi que le «déficit d'image» du Pakistan sur la scène internationale expliquait la lenteur des dons pour secourir les victimes.

Près d'une semaine après avoir lancé un appel à l'aide internationale de 460 millions de dollars pour secourir d'urgence les six millions de sinistrés pakistanais les plus vulnérables, l'ONU avait récolté mardi matin environ 35% du montant, contre 32% lundi soir.

Cette catastrophe naturelle, la pire de l'histoire du pays, a jusqu'ici tué quelque 1.600 personnes selon l'ONU.

«Jusqu'à présent, il n'y a pas eu de cas de choléra ou d'autres maladies», a souligné M. Akram.

Entre sept et dix jours seront encore nécessaires pour évaluer pleinement l'ampleur des dégâts, selon l'ambassadeur pakistanais.

L'ONU travaille sur un chiffre de 15,4 millions de personnes touchées d'une manière ou d'une autre.