Les extraditions de la Grande-Bretagne vers les États-Unis de quatre terroristes présumés, dont l'ancien imam radical Abou Hamza al-Masri, ont été bloquées jeudi par la Cour européenne des Droits de l'Homme (CEDH), dans l'attente d'un arrêt sur le fond.

La Cour de Strasbourg a rendu une décision où elle a déclaré partiellement recevables les requêtes contre leur extradition de Babar Ahmad, Haroon Rashid Aswat, Seyla Talha Ahsan et Mustafa Kamal Mustafa, plus connu sous le nom d'Abou Hamza.

Cette décision de la CEDH n'est qu'une étape de la procédure et elle ne préjuge en rien de la décision finale des juges.

Les quatre hommes sont actuellement détenus au Royaume-Uni en attendant leur extradition vers les États-Unis. Mais ils ne pourront pas être extradés tant que la CEDH n'aura pas rendu un arrêt les concernant, ce qui peut prendre plusieurs mois.

S'ils sont envoyés aux États-Unis les quatre terroristes présumés seront probablement incarcérés dans une prison «supermax», un «pénitencier américain de sécurité maximum», à Florence, dans le Colorado.

La CEDH estime que cette incarcération pourrait contrevenir à l'interdiction de la torture et des traitements inhumains ou dégradants (article 3 de la Convention européenne des Droits de l'Homme).

«Leurs griefs fondés sur l'article 3 et relatifs à la rigueur des conditions qui leur seraient imposées, peut-être pour le reste de leur vie, soulèvent de graves questions de fait et de droit d'une complexité telle que la Cour doit les examiner au fond», explique la CEDH.

Celle-ci déclare donc recevables à ce titre les demandes de trois des quatre hommes, Babar Ahmad, Haroon Rashid Aswat et Seyla Talha Ahsan.

L'instance européenne a également déclaré recevables les demandes des quatre détenus concernant la durée de leurs peines éventuelles aux États-Unis, toujours en se fondant sur l'article 3: M. Ahmad, M. Ahsan et Abou Hamza risquent «la réclusion à vie sans libération conditionnelle et M. Aswat un maximum de 50 ans d'emprisonnement», relève la Cour européenne.

«Le gouvernement (britannique) a jusqu'au 2 septembre 2010 pour présenter ses observations. Les requérants auront alors la possibilité d'y répondre, après quoi le Gouvernement sera invité à formuler ses observations finales en réponse. La Cour rendra son arrêt ultérieurement», conclut la CEDH.

«Nous prenons note du fait que la Cour européenne des Droits de l'Homme a déclaré leurs demandes partiellement admissibles», a réagi la ministre de l'Intérieur britannique Theresa May.

«Nous allons attendre le jugement de la cour et d'ici là ces individus vont rester en détention», a-t-elle ajouté.

Abou Hamza purge une peine de sept ans dans une prison londonienne de haute sécurité pour incitation au meurtre et à la haine raciale.

L'ancien imam britannique d'origine égyptienne, borgne et équipé d'un crochet à la place d'une main, est en outre recherché par les États-Unis.

Ce pays réclame son extradition afin de le traduire en justice pour prise d'otages au Yémen (1998-1999), complot en vue de la création d'un camp d'entraînement terroriste dans l'Oregon, aux États-Unis, (octobre 1999 à avril 2000), et soutien à des actes terroristes en Afghanistan (1999-2001).

Abou Hamza a perdu tous ses recours au Royaume-Uni contre son extradition.