Au milieu des ruines, peu après le séisme du 12 janvier, les enfants ont dessiné... des maisons. Des maisons debout, plusieurs avec un drapeau haïtien flottant bien haut sur le toit, dont ce palais présidentiel flamboyant, tout en rouge, bleu et jaune. Mais si les soleils affichent des sourires grands comme ça sur certains dessins, d'autres montrent une réalité crue: des personnages qui courent, tandis que d'autres sont écrasés par des gravats, avec des taches rouges sur la poussière grise.

Les oeuvres ont été réalisées dans les semaines qui ont suivi le tremblement de terre d'Haïti. La première dame, Élisabeth Préval, avait rassemblé des enfants âgés de 6 à 10 ans dans des autobus convertis en ateliers et a demandé à des artistes haïtiens de dessiner avec eux. La Plas Timoun (la place des Enfants), nom donné au projet d'aide psychologique, est installée dans les quartiers de Pétionville et du Champ-de-Mars, à Port-au-Prince. Plusieurs centaines d'enfants participent chaque jour aux ateliers d'art et de sport qui y sont offerts.

 

Une bonne centaine de dessins ont été rassemblés pour une exposition présentée au Musée national d'art africain de Washington, jusqu'en octobre. Parmi ces dessins, il y a des oeuvres de la première dame américaine Michelle Obama - un poisson coloré - et de la femme du vice-président américain, Jill Biden - une maison - qu'elles ont toutes deux réalisées lors de leur passage en avril à Plas Timoun.

Lors de l'inauguration de l'exposition, Mme Préval a dit souhaiter que «le monde n'oublie pas Haïti». L'institut Smithsonian, qui gère les musées nationaux américains, vient d'installer un centre de conservation à Port-au-Prince pour restaurer avec les Haïtiens les oeuvres endommagées lors du séisme. Au moins 10 000 toiles et sculptures d'artistes haïtiens ont été ensevelies lors de l'effondrement du Musée d'art Nader.

Le Smithsonian songe à faire voyager les dessins d'enfants dans d'autres musées, dont certains du Canada, mais aucune date n'a encore été fixée.