Ce sont les oubliées parmi les oubliés: au moins 245 millions de femmes sont veuves sur la planète, et plus de 115 millions d'entre elles vivent dans une extrême pauvreté, selon une nouvelle étude lancée mardi soir par Cherie Blair, épouse de l'ex-chef du gouvernement britannique.

Parmi elles, on trouve les deux millions de veuves afghanes et les quelque 740 000 veuves irakiennes ayant perdu leur conjoint dans des guerres qui durent toujours. Mais aussi celles qui sont chassées de chez elles avec leurs enfants et privées des biens de leur mari défunt en Afrique, celles qui ont à leur charge leurs petits-enfants orphelins du sida, ou encore ces veuves-enfants âgées de sept à 17 ans.

«Dans trop de situations, (les veuves) sont repoussées aux marges extrêmes de la société, prises au piège de la pauvreté et vulnérables aux abus et à l'exploitation», a déploré Mme Blair, venue à New York pour lancer l'étude consacrée au «Calvaire des veuves dans le monde» par la fondation Loomba, qu'elle préside.

«Le sort des veuves -dans les zones d'ombre du monde- est une catastrophe humanitaire cachée», a-t-elle ajouté.

Selon les chiffres de la fondation Loomba, la Chine arrive en tête en 2010 avec 43 millions de veuves, suivie par l'Inde (42,4 millions). Les États-Unis en compte 13,6 millions, l'Indonésie 9,4, le Japon 7,4 ou encore la Russie 7,1.

Les persécutions et discriminations subies par les veuves sont multiples et ne se limitent pas au monde en développement. Dans certains pays, la mort de leur époux exige des femmes qu'elles subissent des cérémonies de «nettoyage», d'autres sont accusées de sorcellerie, violées, contraintes d'épouser un autre membre de la famille du défunt ou encore déshéritées et chassées.

Selon le rapport de la Fondation, plus de 500 millions d'enfants de ces veuves vivent dans un environnement hostile, victimes de violences et de maladies, réduits à la servitude, privés d'éducation ou cible des trafiquants d'être humains.

La fondation a été établie en 1997 par Raj et Veena Loomba, en souvenir de la mère de Raj Loomba, devenue veuve en Inde à l'âge de 37 ans et qui éleva seule ses sept enfants. Raj Loobma cherche à mettre le calvaire des veuves au menu des Nations unies, et à faire du 23 juin, date de naissance de sa mère, la Journée internationale des Veuves.