Le chef de la police nationale sud-africaine, Bheki Cele, a fait rire les membres du Parlement, le mois dernier, lorsqu'il a dit souhaiter l'élimination rapide de l'équipe américaine de la Coupe du monde. «Notre fameuse prière, c'est que les Américains ne se rendent pas au deuxième tour», a-t-il déclaré. Ainsi, le président Barack Obama restera chez lui. Et les risques d'attentats terroristes seront moins élevés.

Le général Cele ne blaguait qu'à moitié. «Partout dans le monde, la participation des États-Unis dans une manifestation majeure augmente les risques d'une attaque terroriste. C'est malheureux, mais c'est la réalité», constate Anneli Botha, spécialiste du terrorisme à l'Institut d'études de sécurité de Johannesburg.

 

Le gouvernement américain lui-même a diffusé un avertissement destiné aux voyageurs partis encourager leur équipe en Afrique du Sud, soulignant que ce genre de rassemblement, très médiatisé, représentait une cible de choix pour les terroristes. «Il existe un risque plus élevé que des groupes extrémistes mènent des attentats en Afrique du Sud dans un proche avenir», estime le département d'État américain.

De récents événements ont soulevé l'inquiétude. Au début du mois de mai, la police sud-africaine a déjoué un complot d'attentat à la bombe fomenté par un groupe d'extrémistes blancs. Cinq personnes ont été arrêtées. Des armes, des explosifs et des munitions ont été saisis. Selon la police, les extrémistes voulaient faire exploser des bombes dans les townships noirs pendant le Mondial. Après le meurtre du suprématiste Eugène Terre'Blanche, en avril, des membres de son groupe avaient d'ailleurs crié à la vengeance, prévenant footballeurs et visiteurs étrangers de faire attention à eux pendant le tournoi.

Puis, le 17 mai, les autorités irakiennes ont arrêté à Bagdad un militant d'Al-Qaïda soupçonné d'avoir planifié une attaque sur la Coupe du monde. Peu après, l'hebdomadaire sud-africain Sunday Times a rapporté qu'il pourrait y avoir jusqu'à 80% de risques d'attentats sur le Mondial. Et que des militants pakistanais et somaliens s'entraînaient dans des camps au Mozambique, voisin de l'Afrique du Sud.

Irresponsable

Le ministre de la Police sud-africaine, Nathi Mthethwa, a nié ces informations en bloc. «Il n'y a pas de menace terroriste en Afrique du Sud pour le moment», a-t-il tranché. Mme Botha juge aussi le reportage de l'hebdomadaire «absolument faux», sensationnaliste et, surtout, «très irresponsable», puisqu'il crée l'impression que l'Afrique du Sud n'est pas prête à faire face à un attentat.

Or, l'Afrique du Sud s'est préparée au pire, selon Mme Botha. «Beaucoup de travail a été fait au cours des dernières années en prévision de la Coupe du monde. Plusieurs scénarios ont été envisagés; 44 000 policiers supplémentaires ont été embauchés pour assurer la sécurité des partisans; les responsables de la sécurité ont suivi des formations aux États-Unis, en Grande-Bretagne et en France.»

Il reste qu'il y a toujours un risque, admet Mme Botha. «La plus grande erreur que font bien des Sud-Africains, c'est de penser que nous sommes hors d'atteinte. Que nous sommes au bout de l'Afrique, et que ces choses-là n'arrivent que dans d'autres régions du monde.»