Les ministres des Affaires étrangères européens se sont mis d'accord lundi sur le principe de sanctions contre Téhéran sur le nucléaire allant au-delà de celles proposées par l'ONU, ciblant notamment l'énergie, les finances et le commerce.

Décidé à l'issue d'intenses tractations à Luxembourg, ce cadre de sanctions doit encore être avalisé jeudi lors d'un sommet des chefs d'État et de gouvernement des pays de l'UE à Bruxelles, a indiqué la chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton.

Selon un document négocié par les ministres dont l'AFP a obtenu copie, l'UE envisage notamment d'interdire dans le secteur du pétrole et du gaz de nouveaux investissements, transferts de technologies, équipements et services.

Dans le secteur du commerce, les mesures se focaliseront en particulier sur les produits sensibles susceptibles d'être détournés à des fins militaires et des restrictions supplémentaires en matière d'assurance du commerce.

Dans le domaine des transports, les sanctions viseront en particulier la compagnie iranienne de fret maritime IRISL et le fret aérien, et dans le domaine financier, le gel de nouvelles banques iraniennes et des restrictions en matière de banque et d'assurance.

Enfin, il est envisagé de procéder à de nouvelles restrictions de visas et de gels d'avoirs, en particulier à l'encontre des Gardiens de la Révolution, la garde prétorienne du régime, comme le préconise déjà la résolution de l'ONU adoptée mercredi dernier.

Avec ces mesures supplémentaires, «l'UE doit donner une forte impulsion» pour forcer Téhéran au dialogue sur son programme nucléaire controversé, avait plaidé à son arrivée à Luxembourg le ministre britannique des Affaires étrangères William Hague.

Ces sanctions supplémentaires sont «pertinentes dans des domaines qui regardent l'UE directement», tout en épargnant la population civile, a souligné le Français Bernard Kouchner.

«Il est important de ne pas toucher le peuple, et de faire plutôt revenir l'élite politique à la table des négociations», a renchéri de son côté l'Allemand Guido Westerwelle.

Certains pays avaient néanmoins exprimé des réserves. «Personne ne croit vraiment que des sanctions résoudront ce problème ou auront beaucoup d'effet politique», avait jugé à son arrivée le ministre suédois Carl Bildt. En outre, «ce qui est fait de façon unilatérale n'aura qu'un effet symbolique», avait-il prédit.

En parallèle aux pressions sur Téhéran, les Européens veulent poursuivre leur «double stratégie» visant à garder une main tendue à des discussions sur le programme nucléaire.

La Haute représentante de l'UE aux Affaires étrangères, Catherine Ashton, a annoncé lundi qu'elle avait écrit au négociateur en chef iranien Saïd Jalili pour l'inviter à discuter de «la question des armes nucléaires».

«Plus que jamais, il est important ne pas perdre de temps» et de se voir «le plus tôt possible», lui a-t-elle notament écrit.

Téhéran a confirmé de longue date avoir accepté le principe d'une telle rencontre entre Saïd Jalili et Mme Ashton, évoquant une possible rencontre en Turquie.

C'est la quatrième fois depuis 2006 que Téhéran est sanctionné par l'ONU qui tente de le convaincre de suspendre ses activités nucléaires sensibles.

Mais le président iranien Mahmoud Ahmadinejad a affirmé à plusieurs reprises depuis mercredi que la nouvelle résolution de l'ONU n'avait aucune valeur et n'aurait «aucun effet contre l'Iran», qui n'en tiendra pas compte.