Le Vatican devait présenter lundi sa défense dans une affaire d'abus sexuels par un prêtre devant un tribunal du Kentucky (États-Unis), arguant que les évêques ne peuvent pas être considérés comme des employés du Vatican, a indiqué à l'AFP l'avocat du Vatican.

«Cette action en justice essaye de soutenir que l'évêque de Louisville (Kentucky) est un employé du pape. Je dis que ce n'est pas vrai», a expliqué Jeffrey Lena, qui défend les intérêts du Vatican aux États-Unis, dans un entretien téléphonique à l'AFP.

Trois hommes affirmant avoir été victimes d'abus sexuels il y a plusieurs dizaines d'années estiment que le Vatican devrait être tenu responsable parce que l'évêque de Louisville (Kentucky) n'a pas dénoncé les auteurs de ces abus.

Le Vatican juge en revanche que les diocèses sont des entités à part, gérées de façon autonome par rapport au Vatican et que son autorité sur les évêques est seulement d'ordre religieux.

«Le pape n'est pas un général qui donne des ordres à ses troupes. Le pape n'a pas les pouvoirs d'un roi», a argumenté M. Lena.

«Cette juridiction nationale (américaine) n'a pas compétence pour juger le Vatican et le Saint-Père, qui est à la fois chef d'État et chef de l'Eglise», a indiqué de son côté à l'AFP le directeur-adjoint du service de presse du vatican, la père Ciro Benedettini.

Deux autres affaires judicaires en cours, l'une dans le Wisconsin (centre), l'autre dans l'Oregon (ouest), tentent de prouver la responsabilité du Vatican dans des cas d'abus sexuels par des prêtres aux États-Unis.

Après l'explosion du scandale des prêtres pédophiles, en Irlande à la mi-novembre, puis en Europe et aux États-Unis au début de l'année, plusieurs hauts responsables de l'Église ont été accusés d'avoir protégé les coupables en les transférant dans d'autres paroisses, où ils ont parfois commis de nouveaux abus, au lieu de les signaler à la justice civile.

Le pape, âgé de 83 ans, a lui-même été mis en cause pour ne pas avoir agi contre des prêtres pédophiles quand il était archevêque de Munich puis préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la foi (chargée de la discipline de l'Eglise).

Le pape a affirmé à plusieurs reprises que les prêtres et religieux coupables d'abus sexuels sur des mineurs «devaient répondre» de leurs crimes devant la justice.

En avril, le porte-parole du Vatican, le père Federico Lombardi, a estimé que les prêtres ne pouvaient pas être considérés comme des employés du Vatican, affirmant que «l'Église n'est pas une multinationale».