Il semble bien que l'ancienne colonie soit capable d'inspirer la vieille mère patrie de temps à autre.

Les électeurs de la Grande-Bretagne se rendent aux urnes aujourd'hui et les plus récents sondages démontrent qu'ils pourraient élire un gouvernement minoritaire pour la première fois depuis 1974.

Depuis quelques jours, des experts constitutionnels britanniques examinent de près la situation politique qui prévaut au Canada, qui est dirigé par un gouvernement minoritaire depuis 2004.

 

Car les bras de fer ont été nombreux entre le gouvernement Harper et les trois partis de l'opposition, et l'on s'attend à la même dynamique à Londres si les conservateurs de David Cameron forment un gouvernement minoritaire après 13 ans de gouvernement travailliste. Si les sondages sont exacts, les libéraux-démocrates de Nick Clegg détiendront la balance du pouvoir.

En particulier, les experts étudient le jugement historique rendu la semaine dernière par le président de la Chambre des communes, Peter Milliken, au sujet de la suprématie du Parlement.

Dans cette décision, M. Milliken a conclu que le Parlement avait la primauté sur le gouvernement dans la bataille qui opposait les trois partis de l'opposition aux conservateurs au sujet de la divulgation des documents secrets sur le transfert de détenus afghans.

Les partis de l'opposition exigent depuis cinq mois que le gouvernement Harper leur remette ces fameux documents afin de savoir si les principaux ministres étaient au courant des risques de torture que couraient les détenus afghans transférés par les soldats canadiens aux autorités afghanes.

Le gouvernement Harper refusait d'accéder à cette demande, prétextant que la divulgation de ces documents pourrait mettre en danger la sécurité nationale et nuire aux opérations des troupes canadiennes à Kandahar.

Rapport de force

En rendant sa décision, Peter Milliken a soutenu que «dans un régime de gouvernement responsable, le droit fondamental de la Chambre des communes d'obliger le gouvernement à rendre compte de ses actes est un privilège incontestable et, en fait, une obligation». Et il a donné deux semaines au gouvernement et aux partis de l'opposition pour s'entendre.

«Les experts britanniques s'intéressent beaucoup à la décision du président Milliken en raison de la possibilité qu'ils se retrouvent devant un gouvernement minoritaire. Ils se préparent aux inévitables batailles entre le gouvernement minoritaire et les partis de l'opposition», a indiqué hier l'expert constitutionnel Benoît Pelletier, professeur à l'Université d'Ottawa et ancien ministre des Affaires gouvernementales dans le gouvernement de Jean Charest.

«Tout d'un coup, notre expérience récente suscite un intérêt de la part d'un certain nombre d'experts. L'expérience canadienne prend une importance parce que se posera peut-être la question du rapport de force entre le Parlement et le gouvernement», a indiqué M. Pelletier, qui échange avec certains des experts britanniques.