Le parquet a réclamé lundi neuf ans et demi de prison à l'encontre du marchand d'armes germano-canadien Karlheinz Schreiber, jugé pour fraude fiscale devant le tribunal d'Augsbourg.

Le parquet accuse Schreiber d'avoir encaissé au total 33,1 millions d'euros de provisions dans le cadre de ventes internationales d'armes sans les déclarer au fisc, et d'avoir placé cette somme dans des sociétés écran et des comptes factices.

Le procureur général Marcus Paintinger a dénoncé «la démesure et la cupidité» de l'accusé, âgé de 76 ans, et souligné que celui-ci n'avait jusqu'à présent jamais ni reconnu sa culpabilité ni remboursé sa dette fiscale.

Figure clé du scandale des «caisses noires» de l'Union chrétienne-démocrate (CDU) à la fin des années 90, M. Schreiber a rejeté les accusations à son encontre à l'ouverture de son procès le 18 janvier.

Selon le parquet, qui a abandonné l'acte d'accusation de complicité de corruption et d'abus de confiance, Schreiber a notamment fraudé le fisc à hauteur de 7,5 millions d'euros entre 1988 et 1993, une somme revue à la baisse après de nouveaux calculs.

Schreiber est aussi poursuivi pour avoir soudoyé un ancien secrétaire d'État à l'Armement du gouvernement d'Helmut Kohl, Ludwig-Holger Pfahls (CDU), à hauteur de 1,95 million d'euros.

Schreiber a été extradé en août du Canada vers l'Allemagne à l'issue d'une bataille juridique qui a duré dix ans. En détention provisoire depuis lors, il risque 15 ans de prison.

Le scandale du financement occulte de la CDU avait éclaté quand M. Schreiber avait avoué un «don» d'un million de marks (environ 500.000 euros) à la CDU en 1991 dans le cadre d'une vente de blindés à l'Arabie saoudite pendant la guerre du Golfe.

L'affaire avait précipité la chute politique du «chancelier de la réunification», Helmut Kohl, déjà battu aux élections législatives de 1998, et permis l'ascension de l'actuelle chancelière Angela Merkel.

Le verdict est attendu mercredi.