Le mouvement chiite libanais Hezbollah s'en est pris mercredi aux États-Unis qui le soupçonnent d'accumuler des armements sophistiqués, les accusant de déstabiliser le Proche-Orient et affirmant qu'il continuerait à s'armer.

«Le Liban, avec son armée, son (mouvement) de résistance et son peuple, a le droit de chercher par tous les moyens légitimes à se doter de capacités qui lui permettent de se défendre et de protéger son territoire», a déclaré à l'AFP le député du Hezbollah Hassan Fadlallah.

M. Fadlallah, dont le mouvement se présente comme celui de la «résistance» face à Israël, réagissait aux déclarations du secrétaire américain à la Défense Robert Gates qui a accusé mardi l'Iran et la Syrie de fournir au Hezbollah roquettes et missiles «aux capacités de plus en plus importantes».

«Nous sommes arrivés à un point où le Hezbollah a beaucoup plus de roquettes et de missiles que la plupart des gouvernements dans le monde, c'est évidemment déstabilisateur pour toute la région», a déclaré M. Gates lors d'un point de presse à Washington en compagnie de son homologue israélien Ehud Barak.

«Les armes américaines qui massacrent les peuples en Afghanistan, en Irak, en Palestine et au Liban sont la cause des souffrances dans cette région. Elles constituent le principal facteur de déstabilisation de la région en portant atteinte à sa sécurité et en empêchant son développement», a déclaré le député du Hezbollah.

M. Fadlallah a accusé les États-Unis de lancer «une bataille diplomatique et politique» afin d'aider son allié, Israël, à maintenir sa suprématie militaire dans la région.

«L'Amérique nous demande de nous résigner à cette suprématie pour permettre à Israël de lancer une agression quand bon lui semble sans que nous ayons les capacités de lui faire face. Nous ne sommes pas prêts à nous soumettre à l'équation de supériorité permanente d'Israël», a-t-il dit.

Dans des déclarations publiées par le journal libanais As-Safir, M. Fadlallah a déclaré que le niveau de l'armement du Hezbollah ne pouvait être comparé à celui «des États-Unis, qui utilisent (leurs armes) dans leurs crimes contre les peuples à travers le monde (...)».

«Il y a une différence entre les armes qui ne servent qu'à l'invasion, à l'occupation et à l'agression, telles que celles des États-Unis et de son allié Israël et les armes de la résistance qui défend, protège et libère», selon lui.

Début avril, le président israélien Shimon Peres a accusé Damas de fournir des missiles Scud au Hezbollah qui, selon l'État juif, possède plus de 40 000 roquettes, dont certaines d'une portée supérieure à 300 km et donc capables d'atteindre les grandes villes d'Israël. La Syrie a démenti ces accusations.

Seul groupe libanais à ne pas avoir rendu les armes après la guerre civile (1975-1990), le Hezbollah, soutenu par Damas et Téhéran, est considéré comme une organisation terroriste par les États-Unis.

Durant la guerre qui avait dévasté le Liban en 2006 (12 juillet- 14 août), Israël n'avait pas réussi à briser le Hezbollah qui avait tiré plus de 4.000 roquettes contre le nord d'Israël.