Les trois quarts du trafic aérien, soit environ 21 000 vols, devraient pouvoir être assurés en Europe mercredi malgré des restrictions toujours en vigueur dans certaines zones, a estimé l'Organisation européenne de la navigation aérienne, Eurocontrol.

L'aéroport londonien d'Heathrow, le premier au monde, a été rouvert, de même que la totalité des aéroports français. Le retour à la normale prendra encore toutefois beaucoup de temps pour les centaines de milliers de passagers coincés à travers le globe.

Alors que la paralysie des cieux européens s'est répercutée dans le monde entier, les vols depuis l'Asie -dont les compagnies aériennes estiment avoir perdu 40 millions de dollars par jour- ont repris vers le Vieux Continent.

À l'aéroport Incheon de Séoul, les salons VIP transformés en dortoirs de fortune pour les naufragés du ciel commençaient à se vider. «Nous leur avons donné des matelas et des oreillers, de l'eau et trois repas pas jour. Gratuitement», expliquait Yoon Han-Young, responsable de la clientèle.

À Sydney, la queue atteignait 200 mètres pour l'embarquement sur un vol British Airways. «Les gens n'en peuvent plus. On ne se rend pas compte comme c'est difficile», lâchait Jane Gershfield, passeport et ticket à la main.

À Islamabad, le porte-parole de Pakistan International Airlines estimait qu'il «faudrait deux à trois semaines» pour que les 18 000 clients de la compagnie restés bloqués gagnent tous leur destination.

Car les problèmes étaient encore légion. «On a reçu un appel de Gulf Air hier soir (mardi) nous confirmant un vol pour Heathrow ce matin (mercredi). On a quitté notre hôtel où nous étions depuis vendredi mais Gulf Air nous affirme maintenant que c'est une fausse information!», fulmine Maira Benicio, une Brésilienne de 28 ans coincée à Delhi et qui cherche à rejoindre Barcelone, où elle vit, via Londres.

Les compagnies aériennes, dont les pertes de recettes atteignent selon l'Association internationale du transport aérien (IATA) 1,7 milliard de dollars, ont accusé les gouvernements d'un excès de prudence en interdisant purement en simplement le trafic aérien au motif que les cendres volcaniques peuvent endommager les réacteurs des appareils.

Or, l'Organisation de l'aviation civile internationale (OACI) a souligné qu'il n'y avait pas, pour le moment, de normes internationales fixant le niveau dangereux de concentration de cendres volcaniques.

Selon Giovanni Bisignani, directeur de l'IATA, plus de cinq compagnies aériennes «de taille moyenne ou de petite taille» risquent de faire faillite, faute de cash. Il compte demander à l'Union européenne qu'elle autorise les gouvernements des États membres à rembourser aux compagnies le coût d'immobilisation de leurs avions.

L'Association des compagnies aériennes européennes, qui regroupe 36 compagnies, a réclamé une aide pour permettre aux transporteurs à faire face aux annulations de vols, 95.000 en Europe, selon Eurocontrol.

Quant aux conséquences globales sur l'économie, elles restent encore à chiffrer, alors que des usines à travers le monde ont dû fermer et de nombreuses entreprises tourner au ralenti. Selon le gouvernement français, les perturbations ont par exemple coûté 200 millions d'euros au seul secteur du tourisme en France, 450 millions par semaine en Espagne, selon Madrid.