Des tremblements de terre causés par des femmes incorrectement vêtues? C'est ce qu'a publiquement affirmé vendredi un religieux iranien. Au bout du fil, le professeur Houchang Hassan-Yari, observateur de la politique iranienne au Collège militaire royal de Kingston, ne peut s'empêcher de pouffer de rire. «Mais c'est triste. Ça montre bien la mentalité de ces gens.»

L'ayatollah Kazem Sedighi, invité à la prière de vendredi dernier à Téhéran, a fait dans son discours un lien entre la garde-robe des femmes modernes, la sexualité hors mariage et les tremblements de terre fréquents dans le pays. «Beaucoup de femmes mal habillées(c'est-à-dire, selon lui, ne respectant pas la tenue islamique) corrompent les jeunes, et l'augmentation des relations sexuelles illicites fait accroître le nombre des tremblements de terre», a-t-il déclaré.

 

«Que pouvons-nous faire pour éviter d'être ensevelis sous les décombres? Il n'y a pas d'autre solution que de se réfugier dans la religion et de suivre les règles de l'islam, a-t-il dit. Les catastrophes naturelles sont le résultat de notre propre comportement.»

«Dans le passé, dit Houchang Hassan-Yari, certains médias plus libres ridiculisaient ces interventions.» Les sermons, reproduits dans le journal, étaient source de distraction. Aujourd'hui, les propos circulent sur l'internet, mais de façon plus limitée.

M. Hassan-Yari rappelle que le président iranien, Mahmoud Ahmadinejad, a indiqué récemment que 5 millions de personnes devaient quitter Téhéran, qui compte 12 millions d'habitants, à cause d'un danger de séisme. Un appel qui a été ridiculisé parmi l'opposition, dit le professeur. «Est-ce une tentative de vider la ville, qui est le coeur du mouvement vert et de la contestation, et de régler ainsi le problème?»

Les propos de l'ayatollah Sedighi feraient donc écho à l'appel du président. «La population doit quitter la ville, bien se comporter si elle ne veut pas être l'objet de la colère divine», a-t-il dit.

Comment les principaux concernés reçoivent le message? «Pour les croyants, ils suivent aveuglément», dit M. Hassan-Yari. «Mais à mon avis, pour la majorité de la population, ce sont des gens qui se discréditent avec ce genre de propos qui révèlent ce qu'ils sont», dit-il.