Le responsable de la commission électorale afghane et son adjoint ont démissionné, a annoncé mercredi le gouvernement, dans un contexte de pressions internationales après les accusations de fraude durant l'élection présidentielle d'août 2009.

«Les fonctions du président de la commission électorale, Dr Azizullah Ludin, ont pris fin», a déclaré Waheed Omer, porte-parole du président Hamid Karzaï, lors d'une conférence de presse à Kaboul.

«Hier (mardi), il a indiqué au président qu'il ne souhaitait pas poursuivre sa mission. Cela a été accepté par le président», a-t-il ajouté.

Le numéro deux de la commission électorale, Daoud Ali Najafi, a également démissionné, a ajouté le porte-parole.

Le principal rival du président Karzaï, l'ancien ministre des Affaires étrangères Abdullah Abdullah, avait fortement critiqué la commission électorale dont les membres sont nommés par le gouvernement, estimant qu'elle favorisait M. Karzaï.

Le président afghan a réaffirmé ses critiques envers les pays occidentaux, qu'il accuse d'avoir orchestré des fraudes massives à l'élection présidentielle controversée de l'été dernier, dans un entretien télévisé diffusé lundi par la BBC.

Jeudi dernier, M. Karzaï avait déclaré que les «fraudes très massives» observées pendant les élections présidentielle et provinciales d'août avaient été commises par «les étrangers», en mentionnant notamment l'ONU et la mission d'observation électorale de l'Union européenne (UE).

Ces affirmations sont «toutes vraies», «c'est exactement ce qui s'est passé» a déclaré M. Karzaï sur la BBC qui l'interrogeait à Kandahar (sud de l'Afghanistan), où il a passé deux jours pour tenter de rallier des chefs tribaux avant une prochaine offensive armée des forces américaines et de l'OTAN dans la région.

Les États-Unis ont adressé mardi un avertissement voilé au président afghan, laissant entendre que sa visite à la Maison-Blanche pourrait être annulée s'il poursuivait ses diatribes visant les étrangers.

Installé à la tête de l'État par la communauté internationale, emmenée par les États-Unis, après l'éviction des talibans fin 2001, M. Karzaï a été reconduit en novembre dernier après l'abandon de son principal adversaire avant le second tour alors qu'un quart des bulletins de vote, déclarés frauduleux, avaient été annulés par les autorités électorales, dont la majorité en faveur du sortant.

Depuis l'arrivée du président Barack Obama au pouvoir aux États-Unis, M. Karzaï est sous la pression croissante des bailleurs de fonds qui l'enjoignent à lutter davantage contre la corruption, avant les élections législatives prévues en septembre.