Les évêques de France disent éprouver «honte et regrets devant les actes abominables» de pédophilie au sein de l'Eglise catholique, et apportent leur «soutien» au pape Benoît XVI éclaboussé par des scandales, dans un message publié vendredi après leur assemblée générale.

«Nous éprouvons tous honte et regrets devant les actes abominables perpétrés par certains prêtres et religieux. (...) Ceux qui ont commis ces actes défigurent notre Église, blessent les communautés chrétiennes et étendent la suspicion sur tous les membres du clergé», dit la hiérarchie religieuse dans cette lettre adressée au pape à l'issue de l'assemblée des Évêques de France, à Lourdes (sud-ouest).

«Nous constatons aussi que ces faits inadmissibles sont utilisés dans une campagne pour s'attaquer à votre personne et à votre mission au service du corps ecclésial. Nous souffrons tous de ces procédés indignes et (...) nous vous renouvelons l'expression de notre communion et de notre soutien», ajoutent-ils.

Le pape Benoît XVI a été à son tour éclaboussé jeudi par la cascade de scandales pédophiles au sein de l'Église catholique, accusé par le New York Times d'avoir couvert dans le passé un prêtre américain soupçonné d'avoir violenté quelque 200 enfants sourds.

Selon le quotidien américain le cardinal Joseph Ratzinger, alors préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, n'a pris aucune sanction contre le père Lawrence C. Murphy, pourtant accusé d'abus sexuels répétés sur des enfants de l'État du Wisconsin (nord des États-Unis) de 1950 à 1974.

L'Osservatore Romano, l'organe du Vatican, a promptement dénoncé «une tentative ignoble d'atteindre à tout prix Benoît XVI».

Plusieurs évêques - dont Mgr Michel Dubost, évêque d'Evry (région parisienne) - ont expliqué que le pape n'avait jamais cherché à étouffer les affaires de pédophilie, encourageant au contraire le clergé à faire en sorte qu'elles ne restent pas secrètes.

Benoît XVI est d'autant plus attaqué que la Congrégation qu'il présidait de 1981 à 2005 est précisément chargée d'instruire ce type d'affaires. Or, les cas dénoncés aujourd'hui remontent souvent à plusieurs décennies.

Joseph Ratzinger a déjà été mis en cause par la presse allemande pour avoir accepté d'accueillir en 1980, lorsqu'il était archevêque de Munich, un prêtre pédophile présumé pour qu'il y suive une thérapie.

En France, aucun scandale à grande échelle impliquant l'ensemble de l'Église n'a éclaté ces dernières années. L'Eglise catholique française rappelle d'ailleurs qu'elle a publié il y a dix ans un document épiscopal sur le sujet et dans son message au pape, elle dit rester «vigilante».

Cependant des affaires de pédophilie impliquant des religieux ont été révélées et conduit à des condamnations en justice.

Dernière en date cette semaine: le curé de Marcilly-le-Hayer, un village de l'Aube (nord-est), a été inculpé mercredi pour «agression sexuelle et détention d'images pédopornographiques» après le dépôt d'une plainte par un jeune majeur, a-t-on appris vendredi de source proche de l'enquête.

Le prêtre a nié l'agression sexuelle.