Des médecins dépêchés par les autorités cubaines ont réclamé en vain mercredi l'hospitalisation de Guillermo Farinas, en grève de la faim et de la soif depuis 14 jours à son domicile de Santa Clara (centre), tandis qu'un opposant s'est dit prêt à prendre sa relève s'il mourait.

M. Farinas, un cyberjournaliste de 48 ans qui réclame la libération de 26 prisonniers politiques malades, a subi «un examen physique par des médecins du gouvernement qui lui ont recommandé d'être hospitalisé, mais il refuse tant qu'il n'aura pas perdu conscience», a affirmé au téléphone à l'AFP le médecin dissident Ismel Iglesias, ajoutant que M. Farinas souffrait de «tachycardie» et de «déshydratation avancée».

Les deux médecins officiels et une infirmière ont refusé de parler au téléphone avec l'AFP.

M. Farinas avait subi un traitement intensif à l'hôpital il y a une semaine après une crise d'hypoglycémie qui lui avait fait perdre conscience. Il a entamé sa grève peu après la mort controversée le 23 février du détenu Orlando Zapata, 42 ans, des suites d'une grève de la faim de deux mois et demi.

Par ailleurs, l'ancien prisonnier politique Félix Bonne, 70 ans, camarade de M. Farinas au sein du groupuscule clandestin «Alliance démocratique cubaine», a annoncé à La Havane qu'il entamerait une grève de la faim si M. Farinas mourait sans obtenir la libération de prisonniers politiques.

«C'est la seule façon de lutter contre un gouvernement totalitaire», a-t-il affirmé à l'AFP, alors que nombre de dissidents ont déclaré rejeter cette méthode.

L'organe officiel du Parti (unique) communiste, Granma, a qualifié lundi de «chantage» la grève de M. Farinas, manipulé selon les autorités cubaines par les États-Unis, le prévenant qu'il porterait seul la responsabilité de sa mort éventuelle.

Ce ancien militaire d'élite a refusé lundi l'asile politique en Espagne, ont dit des diplomates espagnols.

Les dissidents sont considérés par les autorités comme des «mercenaires» à la solde des États-Unis qui imposent depuis 48 ans à Cuba un embargo contesté.