Une ancienne responsable du renseignement intérieur britannique MI5 a accusé les États-Unis d'avoir dissimulé les mauvais traitements contre les suspects de terrorisme, contre-attaquant après des accusations de complicité de torture envers ses services.

Eliza Manningham-Buller a expliqué qu'elle n'avait pas compris tout de suite que Khalid Sheikh Mohammed, le cerveau présumé des attentats du 11 septembre 2001, avait parlé aux interrogateurs américains sous la contrainte de la torture.

Elle a dit avoir découvert seulement après son départ à la retraite en 2007 que le suspect avait subi l'épreuve de la simulation de noyade («waterboarding»).

Les Américains «ont pris grand soin de nous dissimuler ce qui se passait», a-t-elle déclaré mardi soir à la chambre des Lords. «J'ai demandé à mes collaborateurs «Pourquoi parle-t-il?», parce que notre expérience des prisonniers irlandais était qu'ils ne disaient jamais rien».

«Ils m'ont dit: «Eh bien les Américains affirment qu'il (Mohamed) était très fier de ce qu'il a fait» quand ils l'ont interrogé», a-t-elle expliqué. «Ce n'est qu'après avoir pris ma retraite que j'ai lu, qu'en fait il avait subi la simulation de noyade 160 fois».

Elle a indiqué que la Grande-Bretagne avait protesté auprès des Américains à propos du traitement des détenus.

Ces propos interviennent alors que le MI5 et le MI6 font face à des accusations de complicité de torture dans le cas de plus de 20 suspects de terrorisme ayant résidé au Royaume-Uni.

Ces allégations ont émergé après la publication par un tribunal britannique le mois dernier d'informations sur les tortures subies par un ex-détenu de Guantanamo aux mains des Américains.

L'ex-détenu Binyam Mohamed - né en Ethiopie mais qui avait le statut de résident en Grande-Bretagne - avance qu'il a été interrogé par des Américains avec des questions qui ont seulement pu venir des renseignements britanniques.

Le gouvernement et l'actuel chef du MI5 Jonathan Evans ont vigoureusement démenti les accusations de complicité de torture mais des questions demeurent sur le point de savoir quand Londres a été mise au courant du changement des recommandations américaines sur la torture après le 11-Septembre.