Des dissidents chinois, l'ONG russe Memorial, la station spatiale internationale et les pères de l'Internet figurent cette année parmi les 237 candidats - un record- en lice pour le prix Nobel de la paix.

«Le nombre définitif de candidatures est de 237, dont 38 organisations», a déclaré mercredi à l'AFP le directeur de l'Institut Nobel d'Oslo, Geir Lundestad. «C'est le chiffre le plus élevé que nous ayons jamais eu», a-t-il dit.

Le précédent record remonte à 2009 avec 205 candidats, une édition remportée à la surprise générale par le président américain Barack Obama.

La liste des candidats est un secret bien gardé mais, chaque année, des noms filtrent grâce notamment aux parrains qui peuvent annoncer publiquement la candidature de leur «poulain».

Plusieurs dissidents chinois sont cette fois-ci en lice, dont l'intellectuel Liu Xiaobo, récemment condamné à 11 ans de prison pour subversion après avoir corédigé la «Charte 08», un texte réclamant une Chine démocratique, ainsi que Hu Jia, Gao Zhisheng, Chen Guangcheng, Bao Tong et la Ouïghoure Rebiya Kadeer.

La distinction d'un dissident ne manquerait pas de provoquer la fureur de Pékin qui, dans le passé, a mis en garde les cinq membres du comité Nobel -désignés par le Parlement norvégien- contre toute «ingérence» dans ses affaires intérieures.

L'ONG russe de défense des droits de l'homme Memorial et une de ses responsables, Svetlana Gannouchkina, ont aussi été nominées pour leurs efforts pour la protection des libertés en Russie.

Figurent également sur la liste des nominés les trois hommes crédités d'avoir donné naissance à l'internet, les Américains Larry Roberts et Vint Cerf et le Britannique Tim Berners-Lee.

Leur invention a permis l'émergence de sites tels que Twitter qui ont joué un grand rôle lors des récentes manifestations de l'opposition en Iran.

Sont aussi en lice la station spatiale internationale, l'ex-technicien nucléaire israélien Mordehaï Vanunu qui a révélé des détails du programme nucléaire militaire d'Israël mais qui a demandé l'annulation de sa candidature, ainsi que Denis Mukwege, médecin en République démocratique du Congo.

«L'attention portée au Nobel de la paix ne fait que s'accroître et l'attribution du prix à Barack Obama l'an dernier a peut-être encore accentué l'intérêt», a estimé M. Lundestad.

Être proposé pour le prix n'équivaut cependant pas à un adoubement de la part du comité Nobel, répète-t-il régulièrement.

Des milliers de personnes -parlementaires et ministres, précédents lauréats, des membres d'instances internationales et des professeurs d'université et le comité Nobel lui-même- sont habilitées à proposer une candidature.

Après la «bombe» Obama l'an dernier, Kristian Berg Harpviken, directeur de l'Institut de recherche sur la paix d'Oslo (Prio), dit s'attendre à un prix classique.

«Le prix de la paix 2010 a de grandes chances d'être attribué à un candidat qui a apporté une contribution significative à la prévention, l'amélioration ou la résolution d'un conflit armé, conformément à l'esprit du testament d'Alfred Nobel», écrit-il sur le site de Prio.

«Toutefois, contrairement à 2009, le lauréat du prix de cette année ne sera pas quelqu'un dont le nom est connu à travers la planète», ajoute-t-il.

Ses favoris sont le Tribunal spécial pour la Sierra Leone, la femme médecin Sima Samar, chantre des droits de l'homme en Afghanistan, et le politologue américain Gene Sharp, apôtre de la non-violence.

Le nom du ou des lauréat(s) sera annoncé en octobre, le prix étant traditionnellement remis le 10 décembre, date-anniversaire de la mort de son fondateur, l'inventeur suédois de la dynamite Alfred Nobel.