Le premier ministre ukrainien Ioulia Timochenko a mis fin jeudi à trois jours de silence complet depuis sa défaite à l'élection présidentielle de dimanche pour mettre en cause le vainqueur Viktor Ianoukovitch, dont elle se refuse toujours à reconnaître la victoire.

«Après l'élection, les mensonges commencent à se révéler», a-t-elle lancé lors d'un Conseil des ministres, selon des images retransmises par la télévision.

Le premier ministre dont la première déclaration publique était très attendue depuis sa défaite, commentait le vote au Parlement d'un projet de loi destiné à augmenter les «normes sociales» en Ukraine.

Mme Timochenko a relevé que ce texte n'avait pas été soutenu par le parti de M. Ianoukovitch, bien que celui-ci eût promis pendant sa campagne de tout mettre en oeuvre pour augmenter le niveau de vie des Ukrainiens, un des plus faibles d'Europe.

«Aujourd'hui, il est clair que l'équipe de Ianoukovitch n'a pas l'intention d'augmenter les normes sociales. C'était de la com !», a-t-elle lancé.

Elle n'a fait aucune autre allusion à l'élection présidentielle. Elle n'a pas davantage dévoilé ses intentions en cette période post-électorale, alors que le pays attend impatiemment de savoir si elle entend se lancer dans une nouvelle bataille pour contester les résultats du scrutin.

Dans ce cas, l'Ukraine aurait du mal à échapper à une nouvelle période d'instabilité politique, après plusieurs années déjà ponctuées de crises en tous genres.

La dernière apparition publique de Mme Timochenko remontait à dimanche soir: commentant les sondages des sorties des bureaux de vote, elle avait alors affirmé que rien n'était joué.

Depuis, son état-major électoral a indiqué qu'il préparait des plaintes en justice pour contester le résultat du vote.

Selon les résultats préliminaires complets publiés mercredi, M. Ianoukovitch la devance de 3,48 points avec 48,95% des suffrages contre 45,47%.

La présidentielle a été globalement saluée par la communauté internationale et jugée «transparente et honnête» par l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE).

Le Comité des électeurs, une ONG indépendante qui surveille les scrutins en Ukraine, a estimé qu'il n'y avait pas «de fondements pour obtenir l'invalidation du résultat de la présidentielle».

«Il n'a pas été découvert de fraudes globales», a déclaré le chef de l'ONG, Olexandre Tchernenko, lors d'une conférence de presse. «Je ne vois pas de perspectives judiciaires en cas de contestation du résultat», a-t-il ajouté, estimant qu'il n'y aurait «pas de troisième tour».

Il a toutefois estimé que la tactique de Mme Timochenko était «bonne» pour mobiliser ses électeurs en vue de prochaines élections.

M. Ianoukovitch a appelé mercredi sa rivale à donner sa démission et à passer dans l'opposition.

Mais le bras droit de Mme Timochenko, le vice-premier ministre Olexandre Tourtchinov a rejeté cette idée jeudi. «Le gouvernement ne démissionnera que s'il y a un nouveau Parlement. Autant que je sache, il n'y a pas d'informations dans ce sens», a-t-il déclaré, cité par l'agence Interfax.

Une autre solution pour M. Ianoukovitch serait la création d'une nouvelle coalition parlementaire, en ralliant soit les partisans de Mme Timochenko, soit ceux du président sortant Viktor Iouchtchenko.

Le nouveau président peut espérer trouver des transfuges au sein de la majorité actuelle parmi ceux qui craignent pour leur siège en cas de législatives anticipées, estime jeudi le quotidien Gazeta po-Kievski, pro-Timochenko.