Un attentat suicide a fait au moins 96 victimes et 36 blessés hier au Pakistan. Un kamikaze a fait exploser son véhicule sur un terrain de sport où se déroulait un match de volley-ball dans un village du nord-ouest du pays, ont annoncé les agences de presse hier.

Selon la police, les talibans sont à l'origine de l'attaque, l'une des plus meurtrières à survenir au Pakistan, en proie à une vague d'attentats qui ont coûté la vie à plus de 2800 personnes depuis deux ans et demi.

 

Shah Hasan Khan, le village ciblé par l'attentat, est situé près d'une zone tribale frontalière de l'Afghanistan, le Sud-Waziristan. Ce fief du Mouvement des talibans pakistanais est le théâtre de nombreux attentats depuis que l'armée a lancé une offensive militaire contre les talibans de la région, alliés à Al-Qaeda.

La police croit ainsi que l'attentat suicide a été commis en représailles des efforts engagés par la population locale pour maintenir les insurgés à l'écart de la région. «La région a été un foyer d'insurgés. Les gens du pays ont formé une milice et expulsé les insurgés de cette zone. Cette attaque semble être une réaction à leur expulsion», a déclaré le chef de la police locale.

Les villageois s'étaient réunis hier matin pour assister à un match de volley-ball opposant deux équipes locales quand un 4x4 a été précipité au milieu des 200 spectateurs. Le kamikaze a utilisé plus de 300 kg d'explosifs, selon les autorités.

Un étudiant de 18 ans, Anwer Khan, qui a été légèrement blessé au front, a déclaré qu'il venait de sortir de chez lui lorsqu'il a vu un 4x4 noir foncer vers les spectateurs. «Une flamme géante est montée vers le ciel. Il y a eu une lumière très vive partout, comme un éclair, et ensuite une énorme explosion», a-t-il dit.

L'explosion a aussi causé l'effondrement d'une vingtaine de maisons voisines du terrain de volley-ball. Cinq membres d'une unité paramilitaire et six enfants figurent parmi les morts, selon la police. Une réunion d'un comité local anti-talibans se tenait également dans une mosquée située à côté du terrain de volley-ball.

Le bilan s'est alourdi au cours de la journée d'hier, alors que les villageois ont dû transporter eux-mêmes les blessés dans l'hôpital le plus proche, situé à 30 km. «La clinique locale n'a même pas de docteur», a expliqué le chef de la police, cité par l'AFP.

Cet attentat s'ajoute à liste des attaques dont a été victime le Pakistan ces derniers mois. En octobre, deux attentats suicide à la voiture piégée ont fait 186 morts à Peshawar, dans le nord-ouest du pays.

En décembre, quatre attentats presque simultanés dans un marché de Lahore, à l'est du Pakistan, ont coûté la vie à 66 personnes. Le 28 décembre, 43 personnes ont péri lors d'un attentat suicide contre une procession chiite à Karachi, revendiqué par les talibans.

«De tels actes terroristes ne peuvent affaiblir la résolution du gouvernement à combattre la menace terroriste jusqu'à son élimination totale», a déclaré le premier ministre pakistanais, Yousuf Raza Gilani. Un porte-parole du Foreign Office a aussi condamné «cette attaque horrible qui a conduit à la perte inutile de tant de vies».

- Avec AP et AFP