Le président iranien Mahmoud Ahmadinejad a demandé vendredi aux Etats-Unis et aux Occidentaux de respecter l'Iran et de cesser leurs menaces pour permettre un accord sur l'enrichissement d'uranium, dans un entretien exclusif avec l'AFP.

«Tout est possible», a déclaré le président Ahmadinejad, en évoquant la quantité d'uranium faiblement enrichi que l'Iran pourrait envoyer à l'étranger au cours d'un échange pour obtenir du combustible pour son réacteur de recherche de Téhéran.«400 kilos, 800 kilos, ce n'est rien. Mais pas dans un climat où ils nous menacent. Ils doivent changer de vocabulaire, dans le respect et la légalité. Dans ce cas, nous sommes prêts à nous asseoir à une table pour aboutir à un accord. Mais s'ils croient pouvoir agiter un bâton pour nous menacer, cette période est révolue», a-t-il déclaré.

Les grandes puissances veulent faire sortir d'Iran 1.200 kilos d'uranium faiblement enrichi, ce qui garantirait, selon elles, que l'Iran ne cherche pas à fabriquer l'arme atomique.

«Dès le début, livrer 1.200 kilos d'uranium (faiblement enrichi) n'était pas un problème pour nous. Mais nous avons vu qu'ils l'avaient transformé en scandale politique pour faire pression sur nous. Ils ont dit qu'ils voulaient prendre cet uranium pour empêcher l'Iran de mettre au point une bombe», a-t-il déclaré.

1.200 kilos, ce n'est pas une grande quantité. Nous avons la technologie et nous produisons actuellement cet uranium à 3,5%. Nous sommes mécontents de la manière dont (les Occidentaux) agissent à notre égard», a-t-il ajouté.

Le président iranien a également rejeté les menaces de sanctions contre l'Iran en affirmant qu'elles n'affecteraient pas son pays.

«Ils nous menacent maintenant de sanctions, de résolutions, de pressions, c'est un retour en arrière (mais) nous ne tolérerons pas cette situation», a ajouté le président Ahmadinejad.

Les grandes puissances (Etats-Unis, Russie, Chine, France, Royaume-Uni et Allemagne) qui tentent de négocier avec l'Iran à propos de son programme nucléaire devraient avoir une réunion téléphonique le 22 décembre, a indiqué mercredi un diplomate américain.

L'entretien, a-t-on précisé, aura lieu entre les directeurs politiques des ministères des Affaires étrangères des Six pour évoquer notamment de nouvelles sanctions.

Le 18 novembre, Téhéran avait rejeté un projet d'accord présenté par l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) le 21 octobre après des négociations entre l'Iran, les Etats-Unis, la Russie et la France. Ce projet prévoyait que l'Iran fasse enrichir par un pays tiers son uranium faiblement enrichi afin d'obtenir en retour du combustible pour son réacteur de recherche.

Selon un responsable américain, l'accord de l'AIEA appelait l'Iran à «envoyer 1.200 kg d'uranium faiblement enrichi en Russie en un seul lot» pour qu'il soit enrichi à 20% et transformé ensuite en France en combustible pour le réacteur de recherche de Téhéran.

A la mi-décembre, le ministre iranien des Affaires étrangères, Manouchehr Mottaki, a affirmé que l'Iran était prêt à échanger, sur l'île iranienne de Kish (une zone franche située dans le Golfe), 400 kilos de son uranium faiblement enrichi à 3,5% contre l'équivalent enrichi à 20% pour entamer un processus de négociations avec les grandes puissances.

Ce que les Etats-Unis ont rejeté en affirmant que cette proposition ne présentait «rien de nouveau».

«Notre politique est transparente. Si nous avions voulu fabriquer une bombe atomique, nous aurions eu le courage de le dire. Lorsque nous disons que nous ne la fabriquons pas, c'est un fait car nous ne croyons pas à la bombe atomique», a encore déclaré le président Ahmadinejad.