Les pays européens ont appelé mardi à ce que Jérusalem devienne «la future capitale de deux États» palestinien et israélien dans le cadre d'un règlement négocié, tentant ainsi de trouver une formule de compromis après une controverse avec l'État hébreu.

Dans une déclaration commune des 27 pays de l'UE, les ministres des Affaires étrangères réunis à Bruxelles ont dit leur «vive préoccupation» face au blocage du processus de paix.

Ils ont réaffirmé n'avoir jamais reconnu l'annexion de Jérusalem-Est en 1967 par l'État hébreu et confirmé leur refus d'accepter les changements de frontières survenus après cette date, «autres que ceux acceptés par les deux parties». Une manière de laisser la porte ouverte à une modification de sa position dans le cadre d'un éventuel accord de paix global, et d'apaiser Israël.

«S'il doit y avoir une paix réelle, il est nécessaire de trouver par la négociation un moyen de résoudre le statut de Jérusalem comme future capitale de deux États», souligne néanmoins le document européen.

Ces formules ont fait l'objet d'intenses tractations pendant plusieurs jours entre pays européens, divisés entre eux sur la question et mis sous pression par des protestations préventives israéliennes depuis une semaine.

L'initiative du texte avait été lancée par la présidence suédoise de l'UE. Mais contrairement à ce que souhaitait Stockholm à l'origine, les ministres européens ont refusé d'être plus explicites sur les contours d'un futur État palestinien.

Alors qu'un premier projet de texte suédois précisait clairement que le futur État palestinien devait être composé de la Cisjordanie, de la bande de Gaza et de Jérusalem-Est, la version finale indique simplement que le futur État palestinien doit être «contigu (à Israël) et viable».

Plusieurs pays dont la République tchèque et l'Allemagne ne souhaitaient pas qu'on impose une solution à Israël et aux Palestiniens.

Le ministre allemand Guido Westerwelle n'a pas caché sa «satisfaction personnelle». «Préempter le résultat des négociations» sur le statut de Jérusalem aurait «nui à ces négociations», a-t-il estimé.

«Décider ici à Bruxelles ce que doit être le statut de Jérusalem serait très frustrant pour les négociateurs» israéliens et palestiniens, lui a fait écho le chef de la diplomatie italienne Franco Frattini.

Mais d'autres ministres européens auraient voulu que l'UE, principal bailleur de fonds des palestiniens et traditionnellement plus à l'écoute de leurs préoccupations que les États-Unis, se montre plus directe sur ce sujet délicat.

«Je comprends en fait difficilement qu'Israël n'accepte pas que la Palestine soit constituée de la Cisjordanie, de Gaza et de Jérusalem-Est», a dit le chef de la diplomatie luxembourgeoise Jean Asselborn.

La position européenne, revue en baisse, a finalement évité un conflit tant avec Israël qu'avec les Palestiniens.

«Compte tenu de la version de départ extrême, soumise par la présidence suédoise, nous ne pouvons que nous féliciter qu'au bout du compte, la voix des État responsables et équilibrés ait prévalu», a réagi le ministère israélien des Affaires étrangères.

De son côté, l'Autorité palestinienne a parlé d'«un pas positif même si nous espérions quelque chose de plus fort et de plus clair», a déclaré Nimr Hamad, un conseiller politique du président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas.

Israël considère l'ensemble de Jérusalem, y compris la partie orientale dont l'annexion n'est pas reconnue par la communauté internationale, comme sa capitale «éternelle et indivisible».