Il a décidé d'étudier le mandarin à l'Université de Toronto, sans savoir qu'aujourd'hui, il ne pourrait marcher dans les rues de Pékin ou de Shanghai sans se faire accrocher par un admirateur.

«C'est pour ça que je suis retourné habiter au Canada», indique Mark Rowswell, connu par les Chinois sous le nom de Dashan.

Dashan est une véritable star en Chine. Il fait du stand-up, anime des galas, comme il fait du théâtre et tourne des publicités. «Je ne me vois pas comme un entertainer ou comme un comédien. Je suis une personne médiatique», résume-t-il.

Pour le gouvernement fédéral, il ne pourrait y avoir une meilleure personne que Dashan pour représenter le Canada en Chine. Après avoir été l'attaché de l'équipe olympique canadienne aux Jeux de Pékin, il a été nommé commissaire général du pays à l'Expo 2010. «C'est un grand rôle. Je suis comme Sylvie Bernier aux Jeux olympiques. Je suis le porte-parole de toute l'équipe.»

Nous avons récemment interviewé Mark Rowswell dans un hôtel de Pékin. Il était accompagné de Wayne Scott, du ministère du Patrimoine canadien. «Mark, c'est l'idéal pour nous. Il est comme une vedette rock ici.»

Quant à l'autre Canadien le plus populaire en Chine, le Dr Norman Bethune, il est mort en soignant les soldats de Mao.

Le grand-père de Mark Rowswell, un chirurgien, a aussi soigné les Chinois lors de la guerre civile. «Mes grands-parents étaient venus en Chine dans les années 20 quand une église anglicane de Toronto a financé la construction d'un hôpital», explique son petit-fils.

«En fait, j'ai grandi en entendant parler de la Chine», dit Mark Rowswell.

En 12e année, le jeune Ontarien a travaillé dans un magasin de photos, où il a fait la rencontre d'une Vietnamienne d'origine chinoise. Peu de temps après, le magazine Time sacrait Deng Xiaoping homme de l'année et la Chine entrait dans son ère capitaliste.

Dès lors, Mark a flairé l'émergence de la Chine, tout en s'intéressant à sa langue et à sa culture. Il a décidé d'étudier le mandarin à l'Université de Toronto. «Je ne savais pas trop si je voulais travailler au niveau diplomatique ou dans le monde des affaires.»

Il est arrivé dans l'empire du Milieu en 1998. «En trois mois, j'étais à la télé et j'avais un nom: Dashan», raconte-t-il.

Son personnage est né dans un petit numéro de théâtre qu'il a fait avec une Brésilienne dans un concours à la télé. Presque instantanément, les portes de la célébrité se sont ouvertes à lui.

Aujourd'hui, Dashan est vu par les Chinois comme un des leurs. Sur son site internet, Mark Rowswell se décrit comme un «East-meets-West-guy» et comme «l'étranger le plus célèbre de Chine». «Je suis vu comme quelqu'un de l'endroit. Je suis deux cultures en une», dit-il.

«Ce n'est pas vrai que je suis l'étranger qui parle le mieux le chinois, précise toutefois Mark Rowswell. Mon avantage est que je suis profondément imprégné de la culture. Je parle le chinois de la rue. Pas le chinois académique.»

L'Expo contre les Jeux olympiques

Dashan se plaît dans son nouvel emploi d'«ambassadeur culturel». Durant l'Expo 2010, il veut faire connaître le Canada autrement que par «des paysages nordiques et les chutes Niagara».

«Cinq millions de visiteurs sont attendus au pavillon canadien. C'est plus que l'affluence dans tous les musées du Canada en un an, souligne-t-il. Le Canada veut frapper un grand coup. Les étrangers voient les Canadiens comme des gens aidants, mais ils ne voient pas nécessairement le pays comme un lieu de haute technologie et de créativité.»

Si les Jeux olympiques ont duré deux semaines, l'Expo 2010 durera six mois et attirera environ 95 % de visiteurs chinois. «Pour la Chine, les Jeux olympiques étaient la chance de donner un grand spectacle et de montrer au monde ce qu'elle est devenue. Là, les Chinois auront la chance d'en apprendre sur le monde.»