Elle est toute petite, sourit peu, parle vite, souvent sans attendre que vous ayez fini de lui poser votre question. Et elle ne s'empêtre pas dans des fioritures. Ses constats sont clairs et tranchants.

Hina Jilani, c'est un peu la Louise Arbour du Pakistan. Avocate, elle a fondé le premier cabinet juridique féminin de son pays. Parallèlement à son engagement pour les droits des Pakistanaises, elle a travaillé dans des instances internationales spécialisées dans la défense des droits et a occupé des postes importants à l'ONU.

 

Mais c'est sa toute dernière mission internationale qui a amené Hina Jilani à Montréal, cette semaine. La juriste de 56 ans est l'un des quatre membres de la commission d'enquête sur la guerre de Gaza.

Dirigée par le juge sud-africain Richard Goldstone, la commission a publié en septembre un rapport qui blâme Israël et le Hamas pour les crimes de guerre qu'ils auraient commis au cours de ce conflit. Et leur demande de tenir des enquêtes indépendantes sur leur conduite de la guerre, à défaut de quoi ils pourraient être traduits devant la justice internationale.

Mal reçu par le Hamas, le rapport a soulevé la fureur d'Israël. Le gouvernement américain l'a rejeté, et a poussé le leader palestinien Mahmoud Abbas à faire pareil. Celui-ci a cédé sous la pression, avant de revenir sur sa décision, sans

quoi il aurait défoncé des plafonds d'impopularité dans les territoires palestiniens.

Réaction «hystérique»

Début novembre, l'Assemblée générale de l'ONU a accepté le rapport Goldstone par un vote de 114 contre 18. Dans le camp du «non»: les États-Unis, Israël, mais aussi l'Allemagne, l'Italie et le Canada.

Le rapport Goldstone continue donc à faire des vagues. Et Hina Jilani est venue le défendre cette semaine à l'université McGill. «Nous nous attendions à un certain niveau de critique, mais la réaction d'Israël a été carrément hystérique

«, a-t-elle dit lors de notre rencontre, mercredi.

Ce qui l'agace surtout, c'est qu'une partie importante des critiques découle, selon elle, de l'attitude même de l'État hébreu. Non seulement celui-ci avait refusé de collaborer avec le juge Goldstone, mais en plus, il a interdit aux enquêteurs d'entrer sur le territoire israélien.

Pour entendre des Israéliens raconter leur vie sous la menace des roquettes palestiniennes, la Commission Goldstone a dû les faire venir à Genève. «J'aurais

aimé visiter les sites dans le sud d'Israël, voir l'étendue des dommages et mesurer l'impact psychologique du conflit «, affirme Hina Jilani. «Nous ne voulions pas laisser les victimes israéliennes sans voix «, assure l'avocate, selon qui cette politique de la porte fermée explique l'apparent déséquilibre du rapport de 574 pages, dont seule une portion congrue décrit les exactions du Hamas.

Que fera l'ONU ?

Mais ce n'est pas la seule raisonde cet apparent déséquilibre, ajoute-t-elle. Celui-ci tient aussi à la différence entre la responsabilité d'un État et celle d'un groupe armé. «Israël est une puissance occupante et a des responsabilités très claires à ce titre. Sa capacité de faire dumal, mais aussi de protéger les civils, est plus grande que celle des groupes armés», plaide-t-elle.

La juriste se dit déçue par l'administration Obama, qui a rejeté le rapport.Mais en même temps, elle estime que celle-ci a bien le droit de défendre ce qu'elle considère comme les intérêts de son pays. «Moi, ce qui m'intéresse, c'est ce que fera l'ONU», dit-elle.

Pour l'instant, c'est loin d'être clair. Car ni le Hamas, ni Israël ne paraissent pressés de tenir des enquêtes indépendantes sur leur conduite pendant l'opération «plomb durci « qui a fait environ 1300 victimes palestiniennes et 13 victimes israéliennes, en décembre et janvier derniers.

Le dossier pourrait se retrouver bientôt devant le Conseil de sécurité de l'ONU.

 

Le gouverneur de Kandahar échappe à un attentat

KABOUL Un chercheur canadien d'origine afghane qui est retourné en Afghanistan pour occuper le poste de gouverneur de la province de Kandahar a échappé à une tentative d'assassinat hier. Tooryalai Wesa, qui habitait la Colombie-Britannique avant d'être nommé à ce poste vers la fin de l'an dernier, se dirigeait vers une mosquée pour les prières qui soulignent la fête musulmane de l'Aïd. Un porte-parole de M. Wesa, Zelmai Ayubi, a expliqué qu'une bombe télécommandée a explosé au passage du convoi de trois véhicules, dans le centre de Kandahar. Le gouverneur n'a toutefois pas été blessé. M. Wesa a grandi à Kaboul, mais il a fui l'Afghanistan en 1991. Il s'est établi en Colombie-Britannique avec sa femme et ses trois filles, et il travaillait comme expert agricole pour l'Université de la Colombie-Britannique. AP