Francois Zimeray, ambassadeur chargé des droits de l'Homme auprès du ministre français des Affaires étrangères Bernard Kouchner a estimé vendredi à l'occasion d'une visite à Bogota, que des «atteintes massives aux droits de l'Homme», se produisaient encore en Colombie.

«La Colombie est un pays qui sur certaines procédures se place même au-dessus des standards européens, mais à d'autres égards le tableau reste encore beaucoup plus sombre», a-t-il déclaré à l'AFP.

«Il y a à la fois une culture de justice indépendante, et des atteintes massives aux droits de l'homme», a-t-il ajouté en évoquant aussi les problèmes d'«impunité» des auteurs de ces violences.

M. Zimeray, qui s'est notamment entretenu pendant son séjour avec le vice-ministre de la Défense Sergio Jaramillo et un conseiller présidentiel, a notamment évoqué l'affaire dite des «faux positifs», des civils présentés comme morts au combat par certaines unités de l'armée, en réalité victimes d'exécutions extrajudiciaires.

«Le plus choquant», a-t-il ajouté reste «le nombre de déplacés (par la violence ndlr), les disparitions forcées et les exécutions extrajudiciaires».

La Colombie reste l'un des pays au monde comptant le plus de personnes déplacées, après le Soudan et à égalité avec l'Irak, avec 2,3 à 4 millions de personnes.

Le conflit impliquant guérillas, armée, paramilitaires et narcotrafiquants aurait déplacé 400 000 personnes en 2008, selon l'organisation colombienne de défense des droits de l'Homme Codhes.

Le pays tente de faire également la lumière sur les crimes commis par les milices paramilitaires d'extrême-droite officiellement dissoutes depuis 2006.

Les déclarations recueillies dans le cadre du processus Justice et Paix, qui permet aux repentis de bénéficier d'amnisties partielles en échange de leurs aveux, ont permis d'établir qu'au moins 21 000 assassinats de civils ont été commis entre 1987 et 2005 par ces milices, selon le parquet, qui estime que ce chiffre pourrait ne représenter que 10% de la réalité.