Les New-Yorkais ont exprimé vendredi amertume et soif de vengeance en apprenant que les cinq hommes accusés d'avoir organisé les attentats du 11 septembre seraient jugés devant un tribunal de droit commun de la ville, où le traumatisme est encore vif.

«Qu'on les pende», dit Joe Ricciardi, 55 ans, un ouvrier du bâtiment qui travaille à proximité du site de «Ground Zero», théâtre de la tragédie qui coûta la vie à quelque 3000 personnes le 11 septembre 2001.

«Regardez à quoi ils ont réduit cet endroit», ajoute son fils, gesticulant en direction du chantier qui a à peine avancé depuis que les tours du World Trade Center (WTC) ont été détruites.

«Mettez-les dans une cage et suspendez-les au beau milieu de Times Square», dit un troisième homme dans le groupe en éclatant de rire.

Le ministre américain de la Justice, Eric Holder, a annoncé vendredi que les cinq accusés, actuellement détenus à Guantanamo, seraient jugés dans un tribunal du sud de Manhattan, non loin de Ground Zero.

«Les règles fédérales nous autorisent à réclamer la peine de mort pour des infractions lourdes», a dit M. Holder. «Je vais certainement demander aux procureurs qu'ils requièrent la peine de mort contre chacun des accusés du 11 septembre», a-t-il ajouté en précisant toutefois que la justice allait «examiner les preuves» des actes reprochés aux accusés.

L'organisation de défense des droits de l'homme Human Rights Watch a salué cette décision comme «une avancée importante pour la justice.»

Mais lorsque le cerveau autoproclamé des attentats, Khaled Cheikh Mohammed et quatre complices présumés seront amenés au tribunal, le procès qui commencera ne ressemblera à aucun autre.

Les New-Yorkais n'ont ni oublié ni pardonné, et le chantier le leur rappelle tous les jours.

«C'est ici que le crime a été commis», dit John Watt, 39 ans, qui prédit une couverture médiatique frénétique, des manifestations dans les rues et la «réouverture» des profondes blessures psychologiques que ce jour a causées. «Je ne sais pas comment ils vont faire pour assurer la sécurité», ajoute ce professionnel du marketing.

Le tribunal fédéral situé au 500 Pearl Street est lourdement gardé, et est habitué à juger des criminels de haut vol, tels le cerveau des attentats de 1993 contre le World Trade Center, des parrains de la mafia ou l'escroc Bernard Madoff.

Dans un communiqué, le maire Michael Bloomberg estime qu'il est «juste» que le procès ait lieu à New York, et assure que la police sera à la hauteur de la tâche.

Mais Arielle Pink, 26 ans, professeur de mathématiques, se demande comment un tribunal va réussir à trouver 12 personnes pour composer un jury impartial. «Trouver des jurés va être difficile», dit-elle.

Certains proches des victimes se posent aussi des questions. «Nous avons le sentiment qu'il s'agit là d'une erreur terrible», estime Ed Kowalski, directeur de l'Association des familles du 11 septembre pour une Amérique plus sûre.

«Donner à un terroriste et à un criminel de guerre l'opportunité de bénéficier d'une protection constitutionnelle américaine est une erreur», estime-t-il.

Pour Jim, un charpentier de 49 ans qui travaille sur le site, la solution est simple. «Les pendre à une grue du chantier, et que tout le monde puisse venir voir», dit-il.