Le Hamas, qui contrôle la bande de Gaza, a annoncé mercredi qu'il interdirait la tenue dans ce territoire des élections palestiniennes convoquées pour janvier, une décision qui remet en cause le processus électoral lancé par le président palestinien Mahmoud Abbas.

Cette annonce accentue la crise entre le mouvement islamiste et l'Autorité palestinienne de M. Abbas, qui ne sont toujours pas parvenus à un accord de réconciliation malgré la médiation de l'Égypte. Le Hamas avait déjà qualifié vendredi d'«illégal et inconstitutionnel» le décret de M. Abbas convoquant des élections présidentielle et législatives dans tous les territoires palestiniens le 24 janvier.

Mercredi, le mouvement islamiste palestinien a indiqué dans un communiqué qu'il «refusait la tenue d'élections dans la bande de Gaza», avertissant qu'il «demanderait des comptes à toute personne impliquée dans ces élections».

Le communiqué justifie cette décision par le fait que le scrutin a été «convoqué par quelqu'un qui n'a pas le pouvoir de faire une telle annonce», en référence au président palestinien.

Le Hamas conteste la légitimité de M. Abbas, qui a le soutien de la communauté internationale. Il argue qu'aux termes de la Loi fondamentale palestinienne, son mandat de quatre ans a expiré en janvier 2009.

Dans son communiqué, le Hamas, qui a remporté les dernières élections générales palestiniennes en 2006, affirme qu'il rejette les scrutins convoqués pour janvier «parce qu'ils interviennent sans accord national» de réconciliation entre les factions palestiniennes.

Ces élections «vont renforcer la division et créer un fossé politique. Nous n'allons pas permettre que cela arrive», a déclaré Tahar al-Nounou, porte-parole du Hamas.

L'Autorité palestinienne et le mouvement islamiste ont ouvert en février un «dialogue de réconciliation» sous l'égide de l'Égypte, pour tenter de mettre un terme aux divisions.

Ils sont à couteaux tirés depuis la violente prise de contrôle de la bande de Gaza par le Hamas, en juin 2007, au détriment de son rival du Fatah, après 18 mois de coexistence houleuse au pouvoir. Créé par Yasser Arafat et dirigé par le président Abbas, le Fatah est basé à Ramallah et contrôle la Cisjordanie.

Un accord scellant leur réconciliation devait être signé fin octobre au Caire, mais seul le Fatah l'a signé, le Hamas se refusant à le parapher. Cet accord prévoyait de différer la tenue des élections générales jusqu'à mi-2010.

Malgré ce refus du Hamas, l'Autorité palestinienne n'a pas fermé la porte à un accord afin de ne pas compromettre définitivement l'unité palestinienne.

En visite au Maroc, M. Abbas s'est redit mercredi prêt à «tendre la main» au Hamas «pour mettre fin à la division (...) car l'intérêt de la patrie est primordial». «Le Hamas est appelé à faire un pas en notre direction», a-t-il ajouté.

Un haut dirigeant palestinien, Saleh Rafat, a fait savoir mercredi --avant l'annonce du refus du Hamas-- que l'Autorité palestinienne tendait toujours la main à son adversaire.

«Si le Hamas signe l'accord égyptien, qui comprend la tenue d'élections au milieu de l'année prochaine, nous pourrons peut-être repousser les élections à cette date», a-t-il promis.

La «direction (palestinienne) en appelle maintenant aux pays arabes pour qu'ils assument leur rôle auprès du Hamas et facilitent l'organisation des élections», a-t-il ajouté.

Selon un récent sondage, la popularité de M. Abbas est en recul mais son mouvement, le Fatah, reste plus populaire que le Hamas.