La saga d'un poumon humain «volé» dans une exposition médicale puis retrouvé, sur fond de soupçons d'un «coup de pub» des organisateurs, captive la presse péruvienne depuis 15 jours mais irrite fortement les autorités, jusqu'au chef de l'État en personne.

Le poumon gauche avait disparu il y a deux semaines de l'exposition Le Corps Humain (Bodies) qui a fait le tour du monde. Il était l'un des vrais organes humains de l'exposition, conservés grâce à un processus chimique et provenant de corps donnés à la science. Dans ce cas, un Asiatique de 45 ans.

La presse a relayé l'indignation de la directrice péruvienne de l'exposition, Susan Hoefken, qui a accusé ses compatriotes d'«amoralité».

Dans aucun autre pays où l'exposition a tourné un vol n'a été signalé, a-t-elle déploré dans maintes interviews, offrant 2000 dollars de récompense à celui ou celle qui retrouverait le poumon manquant.

Celui-ci est réapparu 48 heures après sa disparition, dans un sac poubelle non loin de là, après un appel anonyme qui n'a pas réclamé la récompense.

La police a depuis dit avoir eu connaissance d'e-mails dans lesquels Susan Hoefken aurait admis avoir orchestré le «vol», pour faire de la publicité à l'exposition visitée par 90 000 personnes depuis juin, un nombre insuffisant pour les organisateurs.

Le chef de l'État Alan Garcia s'est lui même ému «du mal causé» au pays par cette histoire.

«Le Pérou, une des premières croissances au monde, mais où on vole des poumons dans les expositions ! C'est grave, c'est mal. Puisse-t-elle (Hoefken) renoncer à sa nationalité !», a-t-il lâché.

Hoefken, qui avait disparu depuis quatre jours, s'est présentée lundi à la police de Lima pour donner sa version des faits, sans faire de déclarations publiques.

Les propriétaires américains de l'exposition ont quant à eux décidé de la retirer du Pérou deux semaines plus tôt que prévu.