Candidat malheureux de la présidentielle tunisienne, le dirigeant du mouvement Ettajdid (Le Renouveau, ex-communiste) Ahmed Brahim a accueilli lundi «sans beaucoup de surprise» les résultats du scrutin, regrettant une «occasion ratée» d'amorcer une «véritable démocratisation» du pays.Le président sortant Zine El Abidine Ben Ali a remporté le scrutin avec 89,62% des suffrages, selon les résultats officiels annoncés lundi.

Alors qu'il était présenté comme le «principal candidat de l'opposition», Ahmed Brahim n'a recueilli que 1,57% des voix et se désole de voir la présence de son parti au parlement réduite à deux sièges contre trois auparavant.

Selon cet universitaire à la retraite, «l'écho extrêmement favorable rencontré auprès de la population pendant sa campagne n'a aucune commune mesure avec les chiffres qui (lui) sont attribués».

Il regrette «l'occasion ratée» de faire de ces élections «le début d'un tournant vers une véritable démocratisation et un véritable pluralisme».

«Pourtant, tout le monde, le pouvoir en premier lieu, avait intérêt à ce que le scrutin rompe enfin avec la routine du passé», soutient-il, considérant que «l'hégémonie du parti au pouvoir qui ne se contente pas d'être majoritaire, est extrêmement nuisible pour le présent et l'avenir du pays».

Tout en se disant «ouvert au dialogue» avec le pouvoir, il prône une unité d'action, voire «une alliance stratégique» de l'opposition en vue de l'édification d'un «pôle démocratique progressiste» qu'il appelle de ses voeux.

Quant à la cheffe du parti démocratique progressiste (PDP), Maya Jribi, elle juge «d'une autre époque» les résultats qui ont sanctionné les élections de dimanche. «Les pays démocratiques et ceux en transition et même nombre de pays en développement n'ont jamais réalisé des taux semblables», a-t-elle déclaré lundi lors d'une conférence de presse.

Le PDP, une formation de l'opposition légale, s'est retiré des élections à la suite de l'invalidation de la candidature de son fondateur, l'avocat Néjib Chebbi, qui ne remplissait pas les conditions exigées par un amendement constitutionnel, et d'un grand nombre de ses listes aux législatives. Pour Mme Jribi, première femme à diriger un parti politique en Tunisie, «ces élections montrent «l'urgence d'engager des réformes politiques et d'instaurer l'alternance au pouvoir».

Nicolas Sarkozy a appelé au téléphone son homologue tunisien Zine El Abidine Ben Ali pour lui adresser «ses plus vives félicitations à l'occasion de sa réélection» pour un cinquième mandat, a-t-on appris lundi de source officielle à Tunis. Le président français lui a «souhaité succès et réussite» et à la Tunisie «davantage de progrès et de prospérité».

L'administration américaine a, elle, fait part de sa préoccupation quant à l'équité de l'élection présidentielle.

«Le gouvernement de Tunisie n'a pas autorisé une surveillance internationale de l'élection (...) À notre connaissance, aucune autorisation n'a été accordée à aucun observateur international crédible», a déclaré le porte-parole du département d'État Ian Kelly, précisant toutefois que Washington était prêt à travailler avec les autorités tunisiennes.