La Pologne s'est engagée mercredi à participer pleinement au nouveau projet de bouclier antimissile américain, après l'abandon par Washington d'un projet élaboré par la précédente administration qui suscitait l'ire de Moscou.

«La Pologne considère comme très intéressante et nécessaire cette conception, ce projet qu'on appelle SM3, d'une nouvelle configuration de la défense antimissile», a déclaré le premier ministre polonais Donald Tusk au cours d'une conférence de presse commune à Varsovie avec le vice-président américain Joe Biden. «Nous sommes prêts à participer à ce projet, à l'échelle qui convient», a-t-il ajouté.

En septembre, les États-Unis ont annoncé qu'ils abandonnaient leur projet d'installer une partie de leur bouclier antimissile en Europe centrale, qui prévoyait d'ici 2013 un puissant radar en République tchèque et dix intercepteurs de missiles balistiques de longue portée en Pologne.

Ce geste avait soulevé des propos amers de <i>La Presse</i> et de nombre de personnalités des deux pays qui y voyaient un abandon de fidèles alliés au profit de meilleures relations avec la Russie, ancienne puissance dominante dans la région.

«Je salue la déclaration du premier ministre selon laquelle la Pologne est prête à accueillir des éléments futurs du système de défense antimissile proposé», a répondu M. Biden.

Le vice-président avait, dès le matin de cette première journée d'une mini-tournée en Europe centrale, publié une interview réfutant les accusations de lâchage par Washington de ces pays, entrés dans l'OTAN quelques années après avoir quitté le glacis de Moscou.

«Nous n'avons conclu aucun accord avec la Russie aux dépens de l'Europe centrale», disait mercredi M. Biden, dans les colonnes du quotidien polonais conservateur Rzeczpospolita.

«Nous avons dit clairement que nos démarches en faveur d'une amélioration des relations avec la Russie ne se feraient pas aux dépens de l'Europe centrale», avait-il insisté.

«La Pologne est notre allié le plus proche et un partenaire crucial pour faire face aux défis mondiaux», a encore déclaré M. Biden devant M. Tusk, en insistant entre autres sur la présence de forces polonaises aux côtés des soldats américains en Afghanistan et en Irak.

Moscou voyait dans le précédent projet une menace pour sa sécurité, bien que Washington eut assuré qu'il était dirigé contre l'Iran. Le projet serait remplacé par un système visant à intercepter des missiles de courte et moyenne porté, installé dans un premier temps sur des bâtiments en mer.

Le jour de l'annonce de l'abandon du système prévu par l'administration Bush, Washington avait précisé qu'il comptait déployer en 2015 en Pologne et en République tchèque des missiles SM-3, conçus pour détruire des missiles à courte et moyenne portée, dans le cadre d'un nouveau système antimissile.

La Russie a salué la décision américaine mais n'est pas tout à fait satisfaite de ce nouveau concept, qui prévoit également des éléments basés sur le sol européen.

Joe Biden a rendu mercredi hommage aux combattants juifs de l'insurrection héroïque du ghetto de Varsovie contre l'armée de l'Allemagne nazie en 1943.

Un garde de l'armée polonaise à ses côtés, M. Biden a déposé une couronne de fleurs au pied de l'imposant monument inauguré en 1948 près du lieu où les insurgés donnèrent un des derniers combats de leur tragique révolte.

Le vice-président américain doit encore rencontrer mercredi le président polonais Lech Kaczynski et sera jeudi en Roumanie et vendredi en République tchèque.