La liberté de la presse en Europe laisse à désirer, en particulier en France, en Italie et en Slovaquie, alors que les États-Unis, «effet Obama» oblige, redorent leur blason, selon le classement mondial 2009 de Reporters sans frontières (RSF) publié mardi.

Pour la troisième année consécutive, le trio Turkménistan, Corée du Nord et Erythrée, respectivement en 173e, 174e et 175e positions, ferme la marche de cette liste établie entre le 1er septembre 2008 et le 1er septembre 2009. Dans ces trois pays, la Presse est «tellement bâillonnée qu'elle y est aujourd'hui inexistante», explique RSF.  Dans le trio de tête figurent le Danemark, la Finlande et l'Irlande, pays où la liberté de la Presse est la mieux respectée.

Cependant, RSF note que l'Europe, «longtemps exemplaire en matière de respect de liberté de la presse», recule, avec «seulement 15 des vingt pays issu du Vieux continent contre 18 en 2008».

«Il est inquiétant de constater que des démocraties européennes comme la France, l'Italie ou la Slovaquie continuent, année après année, de perdre des places dans le classement», commente Jean-François Julliard, secrétaire général de l'organisation.

«Comment dénoncer les violations commises dans le monde si l'on n'est pas irréprochable sur son territoire ?», relève-t-il.

La France, qui avait déjà perdu quatre place en 2008, en perdu huit autres en 2009 pour s'afficher à la 43ème position. RSF explique ce recule par «les mises en examen, placements en garde-à-vue et perquisitions dans les médias, mais aussi l'ingérence des autorités politiques, notamment du chef de l'État, Nicolas Sarkozy».

L'Italie, où des journalistes sont encore menacés physiquement selon RSF, tombe à la 49ème place (44 en 2008) et la Slovaquie, 7ème en 2008, chute à la 44ème place.

Ces trois pays se font distancer par trois pays africains (Ghana, Mali et Afrique du Sud respectivement 27e, 30e et 33e).

Pour RSF, «la principale menace» vient des nouvelles législations en vigueur, comme le droit de réponse automatique introduit en Slovaquie.

Les États-Unis en revanche font un bond en avant, de la 40ème à la 20ème place. «L'arrivée du nouveau président Barack Obama et son attitude moins belliqueuse que celle de son prédécesseur à l'égard de La Presse y est pour beaucoup», souligne l'organisation.

La Russie, de son côté, reste mal classée, à 153e place (141e en 2008).

RSF pointe en outre du doigt Israël, qui n'est plus le premier pays en Moyen-Orient après avoir perdu 47 places (93ème actuellement), et l'Iran, qui frappe «aux portes du trio infernal».

En Israël, RSF a recensé cinq arrestations, «parfois en dehors de tout cadre légal, et trois emprisonnements de journalistes» et «la censure militaire appliquée à tous les médias fait également planer une menace sur la profession».

RSF se dit «particulièrement préoccupé» pour les journalistes en Iran, puisque «la réélection contestée du Président a plongé le pays dans une véritable crise et  instauré une paranoïa à l'égard des journalistes et blogueurs».

Parmi les reproches à l'Iran RSF cite, les censures préalables et automatiques, les surveillances de journalistes par l'État, les mauvais traitements, la fuite de journalistes du pays, les arrestations illégales et les emprisonnements.

Les critères de ce classement sont basés sur un questionnaire recensant des atteintes directes contre les journalistes (assassinats, emprisonnements, agressions, menaces...) ou les médias (censures, saisies, perquisitions, pressions...).