Les Etats-Unis n'espèrent pas de percée sur le dossier du programme nucléaire iranien lors de l'Assemblée générale de l'ONU, où ils chercheront d'abord à rallier les autres grandes puissances.

«Les réunions permettront de nous concerter avec nos partenaires et de mettre au clair nos objectifs communs, ce que nous attendons de l'Iran et ce qui nous paraîtrait une évolution positive», a expliqué vendredi Susan Rice, l'ambassadrice américaine auprès des Nations unies.

La secrétaire d'Etat Hillary Clinton s'entretiendra à New York avec ses cinq homologues du groupe des Six (Etats-Unis, Russie, Chine, France, Royaume-Uni et Allemagne), qui négocient depuis des années sur le dossier nucléaire iranien. La réunion des Six au niveau des ministres est exceptionnelle.

Le président Barack Obama présidera de son côté la séance du Conseil de sécurité consacrée à la prolifération nucléaire. Mme Rice a souligné qu'il évoquerait aussi l'Iran lors de ses rencontres bilatérales avec les autres dirigeants.

Les consultations, a-t-elle ajouté, s'étendront aux membres du G8 --ce qui ajoutera le Canada, l'Italie et le Japon aux pays déjà cités.

La Maison Blanche n'a pas prévu, en revanche, de rencontre entre M. Obama et le président iranien Mahmoud Ahmadinejad. Il est également peu probable, selon les experts, que M. Obama aborde spécifiquement la question de l'Iran dans ses interventions à l'ONU sur la prolifération.

Washington va plutôt utiliser l'Assemblée générale pour «essayer de bâtir une coalition la plus large et la plus forte possible sur la question iranienne», estime Jon Alterman, un spécialiste du Centre d'études stratégiques et internationales (CSIS) basé à Washington.

Ce travail dans les coulisses de la grand-messe de l'ONU vise à préparer au mieux la rencontre prévue début octobre entre un émissaire iranien et Javier Solana, qui négocie au nom des grandes puissances.

La voie choisie par M. Obama envers les Iraniens n'a pas changé, mêlant invitation au dialogue et menace de nouvelles sanctions.

La France, la Grande-Bretagne et l'Allemagne l'approuvent sans réserves, se montrant même parfois plus dures que les Etats-Unis envers l'Iran.

Paris a ainsi réclamé cette semaine que les Six mettent en place un échéancier en cas d'échec des discussions début octobre. L'Iran serait d'abord «averti», puis encourrait des sanctions renforcées.

La Russie et la Chine, en revanche, sont beaucoup plus tièdes sur une poursuite de la stratégie de sanctions.

L'Iran a proposé de son côté de reprendre le dialogue, mais en excluant par avance toute remise en cause de son programme nucléaire.

Cette posture est classique de la part de la République islamique à la veille des grands rendez-vous diplomatiques, soulignent de nombreux diplomates.

«Le comportement du régime iranien pendant l'élection présidentielle de juin et depuis celle-ci limite la possibilité d'un dialogue», remarquait aussi il y a quelques jours Ray Takeyh, du Council on Foreign Relations, un groupe d'experts de New York.

Une analyse confortée par le dernier éclat de M. Ahmadinejad, qui a qualifié vendredi l'Holocauste de «mythe», suscitant l'indignation à travers le monde.