Dans la bataille électorale en cours au Japon, le principal parti de l'opposition a sorti sa botte secrète: «le bataillon des princesses», un groupe de jeunes candidates chargées de se lancer à l'assaut des bastions détenus par de vieux caciques du pouvoir conservateur.

Le Parti démocrate du Japon (PDJ), favori des sondages, a donné son investiture à ces jeunes femmes pour se présenter aux élections législatives du 30 août dans des circonscriptions-clés détenues par des poids lourds de la coalition au pouvoir, principalement du Parti libéral démocrate (PLD) du premier ministre Taro Aso.

 

L'arrivée du «bataillon des princesses» a rempli hier les pages politiques des tabloïds, au lendemain du lancement officiel de la campagne électorale, le quotidien sportif Nikkan Sports allant jusqu'à titrer: «Les princesses à l'assaut des gros bonnets.»

Cette stratégie s'inspire largement des «assassins», surnom donné à la trentaine de célébrités médiatiques que l'ancien premier ministre Junichiro Koizumi avait parachutées lors des précédentes législatives de 2005 pour battre les opposants à sa réforme de la poste. M. Koizumi avait remporté une éclatante victoire et permis au PLD d'obtenir plus de 300 des 480 sièges de la Chambre basse.

L'ex-premier ministre Yoshiro Mori, 72 ans, qui n'a jamais perdu une élection depuis quatre décennies, devra cette fois-ci compter avec Mieko Tanaka, 33 ans, employée d'une agence de voyages, l'une des «princesses» parachutées par le PDJ.

«Nous voulons changer le Japon», a déclaré Mlle Tanaka, vêtue d'un polo rose et faisant campagne à bicyclette dans les rues d'Ishikawa, au centre du pays.

M. Mori, considéré comme le «faiseur de roi» du PLD, a critiqué son opposante sur un ton méprisant: «Elle a été choisie uniquement pour sa jeunesse et son physique.»

Le nombre de candidates à l'élection du 30 août atteint le taux record de 16,7% du total. Et les analystes politiques voient d'un bon oeil l'irruption de femmes jeunes dans un monde politique japonais monopolisé depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale par de vieux conservateurs machistes.

«Présenter de jeunes candidates au physique agréable peut certainement susciter l'attention des électeurs au Japon, où les femmes sont encore traitées comme une minorité», a estimé Yoshinobu Yamamoto, professeur de sciences politiques à l'Université Aoyama Gakuin de Tokyo.