Pyjamas en papier pour éviter les pendaisons, accompagnement des prisonniers en détresse psychologique... Le gouvernement français vient d'annoncer une série de mesures pour lutter contre le suicide en prison, dont le taux est l'un des plus élevés d'Europe.

La ministre de la Justice Michèle Alliot-Marie a fait ces annonces hier à Orléans, après une visite dans la maison d'arrêt de la ville, tandis que la France est régulièrement épinglée par le Conseil de l'Europe sur ce problème.

 

Parmi ces dispositions figure notamment la généralisation de «kits de protection» destinés aux détenus susceptibles d'attenter à leurs jours contenant des draps et couvertures indéchirables et des pyjamas en papier à usage unique pour éviter les pendaisons, ainsi que des matelas anti-feu.

Autre mesure annoncée: «dès cet automne des formations seront mises en place pour les personnels afin de leur permettre de détecter les détenus qui présentent un risque suicidaire et de mieux les accompagner», a déclaré Mme Alliot-Marie.

Des détenus volontaires seront aussi chargés d'accompagner les prisonniers en situation de détresse psychologique, a également indiqué la garde des Sceaux.

Ces mesures poussent la «logique à l'absurde», a dénoncé l'Observatoire international des prisons (OIP), une association de défense des détenus.

Le plan de la ministre «préfère offrir des conditions de détention plus favorables au codétenu qui se voit déléguer la tâche de prendre en charge, en lieu et place de la puissance publique», la personne en crise suicidaire, «plutôt que d'assouplir les conditions de détention de cette dernière», estime l'OIP.

Avec 115 suicides en 2008, la France enregistre l'un des taux les plus élevés d'Europe: deux fois celui de l'Allemagne ou de la Grande-Bretagne, et trois fois celui de l'Espagne, selon les chiffres du Conseil de l'Europe. Selon l'Administration pénitentiaire, 81 détenus se sont suicidés depuis le début de l'année 2009.