Le président russe Dmitri Medvedev a souhaité lundi, en accueillant son homologue américain Barack Obama au Kremlin, que les deux pays tournent les «pages difficiles» de ces dernières années et en ouvrent de «nouvelles».

Les présidents américain et russe Barack Obama et Dmitri Medvedev ont exprimé lundi à Moscou leur espoir de rompre avec les graves querelles récentes et d'instaurer une nouvelle relation de coopération entre les deux grandes puissances.

«Nous espérons refermer une série de pages difficiles dans l'histoire des relations russo-américaines et en ouvrir de nouvelles», a déclaré M. Medvedev au début de ses entretiens avec M. Obama au Kremlin.

«Sur une série de questions, y compris de sécurité, économiques, énergétiques, environnementales, les États-Unis et la Russie ont plus en commun qu'ils n'ont de divergences», a répondu M. Obama.

«Si nous travaillons dur dans les jours qui viennent, nous pouvons faire des progrès extraordinaires», a-t-il ajouté.

M. Obama et son épouse Michelle, tenant leurs deux filles à la main, étaient arrivés un peu plus tôt sous un ciel gris à l'aéroport Vnoukovo pour un séjour de 48 heures destiné à faire avancer les négociations sur une nouvelle réduction des arsenaux nucléaires et, plus généralement, à restaurer des relations qui se sont sévèrement détériorées à la fin de la présidence Bush.

Il s'agit, selon l'expression désormais consacrée de la Maison-Blanche, de «remettre les compteurs à zéro» avec la Russie, qui reste un partenaire essentiel pour les États-Unis.

M. Obama s'est retiré avec M. Medvedev pour un après-midi de travail, après avoir participé à un dépôt de gerbe sur la tombe du soldat inconnu au pied du Kremlin en compagnie de son épouse.

Les deux présidents devaient tenir une conférence de presse à 18H30 (10H30 HAE) avant de dîner ensemble avec leurs compagnes.

Ils devraient annoncer des progrès dans les tractations en cours depuis plusieurs mois sur le traité qui doit prendre le relais de l'historique traité START de 1991 réduisant les arsenaux nucléaires des deux puissances.

Les États-Unis et la Russie possèdent encore plus de 90% du total des bombes atomiques dans le monde.

Les négociateurs des deux pays sont «d'accord sur tous les paramètres», a précisé une source au ministère russe des Affaires étrangères, citée par l'agence Interfax, dans l'après-midi.

«La décision revient aux présidents. La question des vecteurs fut la plus difficile», a ajouté cette source, suggérant que des chiffres de réduction du nombre d'ogives nucléaires et de vecteurs pourrait être annoncée.

MM. Obama et Medvedev devraient aussi faire savoir que la Russie accepte le transit par son territoire de soldats et de matériel de guerre américains à destination de l'Afghanistan.

Un accord sur le désarmement nucléaire est au coeur de l'entreprise de restauration des liens, à laquelle le gouvernement russe dit aussi aspirer.

Selon la Maison-Blanche, un tel accord réchaufferait les rapports avec la Russie à un moment où les États-Unis ont besoin d'elle face aux défis nucléaires iranien ou nord-coréen.

Il restera toutefois encore beaucoup de travail aux négociateurs pour conclure en détail un accord final avant l'expiration de START le 5 décembre.

Parmi les difficultés émerge l'un des grands motifs de tensions entre Washington et Moscou ces derniers mois: le projet américain d'installer en Europe de l'est des éléments d'une troisième composante de son bouclier antimissile.

La Maison-Blanche entend aussi que la relation avec la Russie ne se résume plus aux seuls intérêts stratégiques. Elle a dit avant le voyage vouloir une «remise à zéro» de ses relations également avec la société russe.

M. Obama est arrivé à Moscou pressé par une partie de son opinion de ne pas oublier en route les droits de l'homme et le respect de l'État de droit en Russie.