Le directeur général de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), Mohamed ElBaradei, a pressé lundi l'Iran d'accepter l'offre de dialogue de la nouvelle administration américaine.

«Je me sens encouragé par la nouvelle initiative des États-Unis en vue d'engager avec l'Iran un dialogue direct, sans condition préalable et sur la base d'un respect mutuel», a déclaré le Nobel de la Paix égyptien au premier jour d'une réunion de l'exécutif de l'agence onusienne à Vienne.

«J'espère que l'Iran répondra à l'initiative américaine avec un geste similaire de bonne volonté et de rétablissement de la confiance. J'espère que le dialogue commencera dès que possible», a-t-il ajouté.

M. ElBaradei n'a pas souhaité commenter la réélection samedi de l'ultraconsevrateur Mahmoud Ahmadinejad à la présidence iranienne, bien que cette réélection compromette, selon des observateurs, tout espoir d'inflexion de la politique nucléaire controversée de Téhéran.

Le dossier iranien doit, comme à l'accoutumée, dominer la réunion des 35 membres du conseil des gouverneurs de l'AIEA qui se tient cette semaine à Vienne.

Dans son dernier rapport qui sera débattu à cette occasion, l'AIEA a établi que l'Iran a accumulé 1339 kilos d'uranium faiblement enrichi, en dépit des injonctions du Conseil de sécurité de l'ONU.

Les estimations des analystes varient, mais selon ces derniers il faut de 1000 à 1700 kilos d'uranium faiblement enrichi pour produire l'uranium hautement enrichi nécessaire à la fabrication d'une bombe atomique.

Selon l'AIEA, l'Iran exploite désormais quelque 7000 centrifugeuses sur son site de Natanz, contre un peu plus de 5000 estimées dans son dernier rapport en février. Fin mai, 4920 centrifugeuses étaient ainsi en fonctionnement, 2132 étaient en phase de test et 169 n'ont pas encore été mises en service.

Les puissances occidentales craignent que Téhéran ne se dote de l'arme atomique, ce que nie la République islamique, qui évoque un programme civil.

Concernant le dossier nucléaire syrien, M. ElBaradei a une nouvelle fois déploré lundi le manque de coopération de Damas dans l'enquête de l'AIEA sur la provenance de particules d'uranium trouvées sur le site syrien d'Al-Kibar détruit par l'aviation israélienne en septembre 2007.

Washington et l'État hébreu soupçonnent Damas d'y avoir abrité un réacteur nucléaire secret, ce que le régime syrien dément.

M. ElBaradei a par ailleurs «profondément regretté» l'essai nucléaire que la Corée du Nord a annoncé avoir effectué le 25 mai, un mois et demi après avoir mis fin à sa coopération avec l'AIEA et expulsé les inspecteurs de l'agence.

«Il s'agit d'un mauvais pas dans la mauvaise direction, qui crée à nouveau un climat de confrontation», a-t-il déploré.

La réunion de l'AIEA doit également être le cadre des tractations pour l'élection du successeur de M. ElBaradei, qui quittera son poste de directeur général en novembre, au terme de trois mandats. Aucun des cinq candidats n'a jusqu'à présent été à même de réunir de majorité qualifiée pour s'imposer.